… et de TF1, M6 et autres chaînes.
On a tort – moi le premier – de ne pas regarder les interminables séries étasuniennes archi-nunuches (sans parler des brésiliennes) du style Les Feux de l’amour ou Amour, gloire et beauté. De vrais problèmes de société y sont posés avant même que la société s’en empare, et les réponses apportées sont parfois très subversives.
Je regardai un jour d’un œil distrait, sur la chaîne FR3 et dans sa version française, un épisode de Dynasty, à l’époque le pendant de Dallas. Un père friqué, propriétaires de puits pétroliers, avait une discussion grave avec son fils, futur friqué. Soudain, le jeune homme dit à son géniteur : « Papa, je suis malade ». Le visage du père s’assombrit, sa bouche se tord, un peu de haine apparaît dans ses yeux. Il ne demande pas à son fils de quelle maladie il souffre. J’avoue que je ne comprends pas de quoi il retourne. Je passe à autre chose, puis je reviens vers mon écran de télévision. Un personnage féminin qui semble être la femme du père dit : «Steven est malade ». Puis une jeune femme apparaît qui pose sur mode très inquiet la question : « Steven est malade ? » Je suis un peu perdu d’autant que ce que je lis sur les lèvres de ces acteurs quand le mot « malade » apparaît ne correspond ni à ill (une maladie sérieuse) ou sick (une maladie moins grave).
Je parle de ce douloureux problème à un de mes amis, véritable encyclopédie vivante des séries étasuniennes. Il me dit que Steven vient de sortir du placard en utilisant le mot gay. Cette censure de FR3 me sidère : être à la traîne des chaînes étasuniennes pourtant bien prudes est une honte. Dynasty fut programmée outre-Atlantique en 1981 par ABC. La série fut reprise en 1983 par FR3. ABC avait assurément fait bouger les lignes dans la mesure où, à une heure de grande écoute, un feuilleton mettait en scène quatre personnages homosexuels, l’un étant le fils du personnage principal. Jusqu’alors des personnages homos étaient des pervers, des malades, des gens très négatifs. Á la rigueur des amuseurs, comme dans Cabaret. Nous étions cette fois-ci en présence de personnages normaux, et même sympathiques.
Cela dit, les scénaristes avaient fini par mettre un peu d’eau dans leur whisky. On vit en effet Steven perdre sa virginité avec une jeune fille de 17 ans. Son interprète, l’acteur Al Corley, n’apprécia pas ces compromissions et se retira de la production au bout de deux saisons.
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