Du calme, Bernard ! Rébecca n’est pas la première nageuse de 14 ans à passer sous la barre de la minute sur 100 mètres nage libre. Ainsi, l’excellente Marine Nectoux de Saint-Raphaël, est non seulement passée sous la minute, mais même sous les 59 secondes. Trois mois auparavant.
Mais le vieux père que je suis a tout de même eu un choc en vivant la très belle course de sa fille. Il s’est souvenu de Dawn Fraser, une idole de son enfance. Née en 1937 dans un milieu très modeste (son père était un émigrant écossais), elle est repérée par un entraîneur de Sidney à l’âge de 14 ans. Elle remportera huit médailles olympiques, dont quatre d’or. Elle est la première nageuse à gagner la même course dans trois JO successifs (1956, 1960, 1964). Décroché à l’âge de 15 ans, son record du monde de 1962, 58 sec.9, ne sera battu que dix ans plus tard. Lors des Jeux de Tokyo en 1964, elle fait preuve de gaminerie en dérobant un drapeau olympique qui se trouvait devant le palais de l’empereur Hirohito. Sa Majesté, qui avait renoncé précédemment à sa nature de « divinité à forme humaine », pardonne et offre le drapeau à Dawn. En revanche, la fédération de natation australienne, plus impériale que l’empereur, inflige une suspension de dix ans à sa championne. La fédération fléchit en 1968, quelques mois avant les JO de Mexico. Ben voyons… Pour Dawn, désormais âgée de 31 ans, il est un peu tard pour se préparer sérieusement.
On note que, tout récemment, l'ancienne championne a – avant de s'excuser – sévèrement critiqué les débordements d'un joueur de tennis australien, né en Australie et d'origine grecque, en ces termes : “ J'en ai ras-le-bol de ces joueurs immigrés qui devraient retourner dans le pays d'origine de leurs pères ”.
Dawn connaît plusieurs drames familiaux. Sa mère meurt sous ses yeux dans un accident de voiture quelques semaines avant les JO de Tokyo. Quinze ans auparavant, son frère était mort de leucémie. En 1960, son père décède du cancer après des mois de souffrance.
Sa reconversion est assez banale. Elle est patronne de bar et entraîneuse de natation. En 1988, elle est élue député sans étiquette dans la province de New South Wales. Elle abandonne la politique en 1991.
En 1999, le CIO l’élit meilleure nageuse mondiale du XXe siècle. Dawn !, une bio-fiction, lui est consacrée en 1979.
Avant d’être le Tarzan hurlant que nous connaissons tous, Johnny Weissmuller est un formidable nageur de compétition. Le premier homme à franchir le cap de la minute sur 100 nage libre, le 9 juillet 1922 (59 sec.6). Johnny est né près de Timisoara en Autriche-Hongrie en 1904 sous le nom de János Péter Weissmüller. En 1905, sa famille émigre aux Etats-Unis. Á la chute de l’empire austro-hongrois, elle devient apatride. Á neuf ans, Johnny est frappé par la poliomyélite. Un médecin futé lui conseille de nager pour compenser. Entre temps, un frère cadet était né, citoyen des États-Unis. Afin de pouvoir participer aux JO de Paris en 1924, Johnny falsifie ses papiers d’identité en se faisant passer pour son frère. Après ses exploits aux JO, le pays lui reconnaît la nationalité. Á Paris, en trois jours, il récolte trois médailles d’or et une médaille de bronze en water-polo. Quatre ans plus tard, à Amsterdam, il remet le couvert avec cinq médailles d’or et une en bronze. Il établi vingt-huit records du monde, l’un d’entre eux durera dix-sept ans. Il ne perd pas une seule course pendant sa carrière. Bizarrement, il nageait la tête hors de l’eau, comme les poloïstes.
Weissmuller tourne dix-sept films de Tarzan puis, ayant pris un peu de poids, il incarne Jungle Jim (Jim la jungle).
Ruiné par cinq mariages et quatre divorces, il meurt au Mexique d’un œdème pulmonaire à l’âge de soixante dix-neuf ans.
Inventé en 1934, le cri de Tarzan était un yodel autrichien, monté à l’envers et en accéléré. En 1958, lors d’un tournoi de golf à Cuba, Weissmuller est pris en otage par des castristes. Il leur pousse le fameux cri, ce qui adoucit fortement les ravisseurs qui le raccompagnent jusqu’à l’aéroport en l’acclamant.
Weissmuller était un adepte des théories du nutritionniste John Harvey Kellog qui prônait une alimentation sans protéines et des lavements.
Weissmuller et Fraser : deux exemples magnifiques d'intégration et de promotion par le sport.
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