Dans un des bâtiments de cette université, des travaux vont isoler des salles réservées à ce qui ressemble à des activités secret défense. Une des conséquences prosaïques de ce réaménagement est que certains personnels non soumis à ce secret auront quelques difficultés à soulager leur vessie et leurs sphincters ailleurs que dans les toilettes réservées aux étudiants.
Je dis bien « certains personnels » car les administratifs ont accès à des toilettes (avec une clé) qui leur sont réservées. Pour les enseignants : rien. Comme s’ils ne faisaient pas partie du « personnel » de l’université.
Or, stricto sensu, ne peuvent être qualifiés d’universitaires que les étudiants et les enseignants. Les administratifs ne sont pas des universitaires dans la mesure où ils peuvent exercer leur talent ailleurs : rectorats, ministères, autres établissements d’enseignement. Cela n'a pas empêché récemment une secrétaire d'interdire “ ses ” toilettes à une chargée de cours. Une enseignante s'est fait faire, clandestinement et à ses frais, un double de la clé pour le paradis où elle ne peut se rendre qu'en cachette.
Cette situation ubuesque pourrait fort bien durer jusqu’au XXIIe siècle dans la mesure où les enseignants de Lyon 2 acceptent à peu près tout ce qui leur est imposé. Je discutais récemment avec une jeune maîtresse de conférences – toujours dans l’acceptation du pire – qui me dit : « quand même, pour les femmes enceintes, ils pourraient faire un effort et leur donner un passe ! » « Et les hommes prostatiques ou à mobilité réduite ? », lui fis-je remarquer.
Cette situation m’a rappelé un film biographique sur la NASA au début des années soixante (Les Figures de l'ombre). Les fusées zuniennes ne se seraient pas élancées dans le ciel sans les très grandes compétences d’une équipe de mathématiciens, avec, parmi eux, une femme noire particulièrement brillante. Dans cette administration fédérale, les espaces communs étaient encore ségrégués. De sorte que la mathématicienne noire n’avait pas accès aux toilettes “ Whites Only ” et devait parcourir 800 mètres à pied pour soulager sa vessie. Donc 1 600 mètres aller et retour.
Les professeurs de l’Université Lyon 2 n’en sont pas encore là mais ils s’en approchent.
De l'infantilisation des universitaires par les chiottes. C'est nouveau, ça vient de sortir.
Á Lyon 2, il n'y a pas que les toilettes qui posent problème. Il y a aussi la qualité de l'air (Source photo : Ruines d'Universités) :
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