jeudi 19 décembre 2013

Je suis interdit bancaire !

Moi qui suis père et grand-père, retraité de l’Éducation nationale, qui ai bien connu l’un des amants de Doris Lessing, et aussi le dernier maire à peu près socialiste d’Hénin-Beaumont (non, pas lui, son père), moi qui ai rencontré Raymond Poulidor et Bernard Hinault, hé bien figurez-vous que je suis interdit bancaire depuis onze mois.

Je n’en savais strictement rien. Je l’ai découvert de manière tout à fait fortuite en demandant une situation de mes comptes à la Banque Postale. À la lecture de l’écran, l’employée m’a regardé comme si j’avais la lèpre. Elle m’a conseillé de me rendre sans tarder à la Banque de France pour en savoir plus.

Il fallut dix-sept secondes au préposé à l’accueil de cette vénérable institution pour me trouver à l'écran et m’annoncer que j’étais interdit bancaire pour 55 euros. La Banque de France, non plus, ne m’avait pas prévenu et son employé m’expliqua qu’il n’entrait pas dans ses missions d'informer les personnes en infraction alors qu’elle a tous les moyens pour le faire.




Comme dirait Pierre-Emmanuel Barré, un interdit bancaire, qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un émetteur d’un chèque sans provision qui n’a pas pu ou voulu procéder à sa régularisation. Le cotitulaire d’un compte est également frappé du même sceau d’infamie. Il faut également savoir qu’une  personne impliquée dans un procès où les questions de probité et de respect des engagements financiers sont soulevées peut être interdit bancaire à titre de peine complémentaire.

L'interdiction bancaire est décidée par la banque qui gère le compte sur lequel n’a pu être débité le chèque sans provision, ou par un juge. L'interdiction concerne tous les comptes personnels détenus dans toutes les banques.


Elle est enregistrée pendant cinq ans au fichier central des chèques.

Quand elle est à l'origine de la décision, la banque en informe l'interdit bancaire par courrier, ce que, dans mon cas, la Banque postale n’a pas fait.

Les interdits bancaires doivent rendre toutes les formules de chèques barrés en leur possession. Ils perdent immédiatement le droit d'émettre des chèques. S’ils persévèrent, ils encourent jusqu’à cinq ans de prison et 375 000 euros d’amende.

La banque qui tient le compte d’un interdit bancaire peut clore son compte. Si une banque rejette un chèque émis sans provision, l’on devient interdit bancaire, donc interdit de chéquier pendant cinq ans, sauf régularisation.

Que m’était-il donc arrivé ?

J’ai été, pendant quelques années, cotitulaire d’un compte à la Banque Postale où je gérais de l’argent qui appartenait à un groupe de recherche. Un jour, comme il n’y avait plus sur ce compte que trois francs et six sous, la Banque Postale l’a clôturé sans me demander mon avis, et surtout sans m’en avertir. Quelques temps après, un fournisseur de ce groupe de recherche a présenté à sa banque un chèque de cinquante-cinq euros, qui n’a pu être honoré. La procédure d’interdiction bancaire fut donc lancée.

Je répète que je n’ai jamais été averti de quoi que ce soit, et que cette situation aurait pu durer bien longtemps, d’autant que, durant toute la période d’interdiction, j’ai reçu de nouveaux chéquiers tandis que ma carte bancaire était renouvelée.

J’ai donc fait observer aux employés de la Banque Postale que leur entreprise cumulait désormais la lourdeur (éventuelle) et le laxisme du privé.

Heureusement que le bagne de Cayenne a été fermé et que l'on ne condamne plus aux galères !

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