vendredi 11 septembre 2020

Les mots chéris des médias et des politiques (25)

Que se passe-t-il lorsqu’on part de “ Watergate ” pour arriver à “ Penelopegate ” ?

On a opéré une troncation, une ablation, ce qu’on pourrait appeler une aphérèse, en supprimant le début du mot “Watergate ” pour y adjoindre le mot Penelope (pauvre Madame Fillon !). Heureusement que le célèbre hôtel de Washington où les Républicains ont espionné la Convention démocrate en 1968 ne s’appelait pas “ L’Hôtel des trois faisans ” ou “ Chez Gégène ” car je ne sais ce que, linguistiquement, on aurait pu en sortir. Ce qui n’a pas empêché l’ambassade de Lybie d’y installer son siège.

 

Quand les médias – et les politiques à leur traîne – ont chopé un tic qui leur plait bien, ils ne le lâchent plus. Pour la petite histoire, le Watergate a été construit par une société immobilière italienne. Son nom tient au fait qu’il est situé près d’une écluse (gate = grille). “ Watergate ” signifie “ écluse ” ou “ vanne ”. L'hôtel de la vanne. Bof !

 

Dès qu’un nouveau problème – y compris franco-français – se signale à l’attention des médias, on le réduit en un seul mot et on y ajoute “ gate ”. C’est de la pédagogie (mot qu’affectionnent les médias et les politiques pour ne pas dire propagande) à deux balles pour neuneux. On francise légèrement en prononçant « guette » au lieu de « gueïte » et le tour est joué.

 

Des « gates », il y en a eu un paquet depuis 1968 :

 

Nous eûmes l’Angolagate lorsque des proches de Charles Pasqua vendirent des armes au président de l’Angola,

 

Le chevalgate concernant une fraude à la viande de cheval, notamment dans les lasagnes Findus,

 

Le Dieselgate, un programme informatique permettant aux constructeurs automobiles allemands de faire baisser la pollution de leurs véhicules lors des essais d’homologation,

 

Le DSKgate dont on parle peut-être encore au Sofitel de New York,

 

L’Irangate, sur l’affaire de ventes d’armes iraniennes à l’Iran,

 

Le Qatargate qui fit trembler la Fédération Internationale de Football,

 

Le Monicagate, dont une jupe et des cigares se souviennent encore,

 

Le Nipplegate qui nous fit découvrir un des illustres tétons de Janet Jackson,

 

Le Pizzagate, dans lequel Jeffrey Epstein gérait un réseau de pédophilie à Washington

 

Le Homardgate, plutôt médiocre, d’un Rugy qui, paraît-il, n’aime pas ces crustacés.

 

L’important est qu’à chaque fois le bon mot (« la fiente de l’esprit qui vole », disait Victor Hugo) fait sourire à propos de quelque chose qui peut être scandaleusement important ou banalement insignifiant. Plus de hiérarchie, tout se vaut. On hume des effluves de scandale et on en reste là.

 

 

 

 

 

Les mots chéris des médias et des politiques (25)

 


mardi 8 septembre 2020

Le Gymkhana d'Hidalgo


Heureusement que “ Mon Anne ” n'était pas Lady Mayor de Londres en 1969, sinon jamais les Beatles n'auraient pu traverser Abbey Road.
​​​​​​Ici, elle a fait joujou avec la rue de Vaugirard à Paris. La capacité de nuisance de l'édile est grande car cette rue est la plus longue de la capitale.

dimanche 6 septembre 2020

Les mots chéris des médias et des politiques (24)



Obsolescence

L’obsolescence sera programmée (planned) ou ne sera pas !

Apparu au début du XIXe siècle en Angleterre, le mot « obsolescence » a rejoint la langue française en 1958. Avait précédé l’adjectif « obsolescent » en 1956.

L’obsolescence est le fait de devenir périmé, désuet. Dans notre monde où tout va vite, il faut trouver un équilibre entre la spécialisation à outrance, le progrès technique et l’obsolescence des connaissances.

Les nouvelles technologies ont retourné l’obsolescence contre elle-même. Les techniciens connaissent, car ils la déterminent, l’espérance de vie des choses. Un lit sera performant huit ans, un téléphone portable entre deux et cinq ans, selon les marques et selon le prix d’achat.

mardi 25 août 2020

Oradour, mon ami allemand et moi


Je voudrais dire quelques mots sur l’acte ignoble commis par une ou plusieurs crapules à Oradour-sur-Glane.

Mais avant, je souhaite aborder ce que l’on appelle désormais l’« ensauvagement » de (et dans) nos sociétés.

Que les immondes vandales d’Oradour soient d'extrême droite ou qu'ils se situent hors du champ traditionnel de la politique, qu'ils soient des immigrés ou pas, qu’ils soient blancs de peau ou colorés, je crois que j’ai eu raison d’alerter le mois dernier sur ces centaines de milliers d’individus en France, « seuls, déglingués et lourdement délinquants ». N’en déplaise à ceux qui, par une chochotitude aberrante, refusent de voir qu’il n’est plus la peine – pour reprendre le titre d’un célèbre roman sud-africain – d’attendre les barbares parce que les barbares sont là, certaines populations sont au bord de la rupture, comme en témoignent des actes individuels ou collectifs inimaginables il y a seulement trente ans.

jeudi 20 août 2020

Pauvre Schœlcher !


 

A la réflexion, je n’ai toujours pas compris pourquoi, suite au meurtre par des policiers d’un Etasunien « afro-descendant » comme il faut dire désormais, deux statues de Victor Schœlcher ont été vandalisées aux Antilles, dont une dans la ville de ... Schœlcher, le jour de l'anniversaire de l'abolition de l'esclavage en Martinique (22 mai). Le conseil municipal de Schœlcher a estimé qu'il s'agissait d'un « acte absurde commis contre un symbole de la mémoire martiniquaise dans lequel des générations de martiniquais se sont identifiées dès l’année 1848, sans hésitation. Cet acte de vandalisme déshonore ceux qui l’ont perpétré et que, loin de représenter un progrès, il est une régression vers l’anti-schoelchérisme des esclavagistes. Nous considérons que Victor Schœlcher est une des grandes figures emblématiques du mouvement abolitionniste au 19ème siècle comme l’écrivait Aimé Césaire «la clairvoyance de Schœlcher avait donné le branle de la liberté, l’impétuosité nègre fit le reste.. »

 

Car s’il est un Français parfaitement innocent de tous les crimes induits par le colonialisme français, c’est bien lui.

 

Schœlcher est né en 1804 à Paris dans une famille de la bourgeoisie catholique. Son père était un industriel d’origine alsacienne. Après de bonnes études, il côtoie George Sand et Franz Liszt.

 

Dès 1830, il décide que sa vocation sera de lutter contre l’esclavage en en « tarissant la source », à savoir la traite. A la fin de sa vie, comme il n’était pas marié et n’avait pas d’enfants, il décide de donner tout ce qu’il possédait, notamment au Conseil général de la Guadeloupe.

 

En 1833, il publie De l'esclavage des Noirs et de la législation coloniale un réquisitoire contre l'esclavage. Il estime que celui-ci ne pourra être aboli qu’à l’occasion d’un « incident révolutionnaire » qu’il appelle de ses vœux. Selon lui, seules les révolutions peuvent rétablir « l'équilibre que les envahissements de la richesse tendent toujours à détruire ». Il déplore que  la Révolution de 1830 a ouvert une période longue dans laquelle les libertés ouvrières ont été confisquées.

 

Après un nouveau voyage aux Antilles en 1840, il se prononce pour une abolition immédiate et complète de l’esclavage et décide de se consacrer désormais entièrement à cette cause.

 

En 1847, il écrit que « le seul, l'unique remède aux maux incalculables de la servitude c'est la liberté. Il est impossible d'introduire l'humanité dans l'esclavage. »

 

En 1948, Aimé Césaire lui rendit hommage en ces termes : « Évoquer Schœlcher, ce n'est pas invoquer un vain fantôme, c'est rappeler à sa vraie fonction un homme dont chaque mot est encore une balle explosive… Schœlcher dépasse l'abolitionnisme et rejoint la lignée de l'homme révolutionnaire : celui qui se situe résolument dans le réel et oriente l'histoire vers sa fin (…) Victor Schœlcher, un des rares souffles d’air pur qui ait soufflé sur une histoire de meurtres, de pillage et d’exactions. »

 

Certains des vandales ont reproché à la France de favoriser des figures libératrices d’hommes blancs en laissant dans l’ombre des combattants de couleur. J’avoue que cet argument ne m’a pas convaincu.

 

Pauvre Schœlcher !

jeudi 30 juillet 2020

Poutine vu par un site anglais qui s’adresse aux élèves



Je ne regarde pratiquement jamais Russia Today (la chaîne ou le site), mais une télé détestée par le banquier éborgneur m’est a priori sympathique.

Elle évoquait récemment la manière dont le site internet The Day traite de Vladimir Poutine, chef d’État élu, ce qui n’est pas le cas de la cheffe d’État du Royaume-Uni, ne l’oublions jamais.

The Day est consulté par 600 000 élèves dans près de 700 écoles, ce qui n’est pas négligeable.

Ce site a donc publié le 22 juillet un article intitulé “ Poutine, l’homme le plus dangereux au monde ” (j’ai craint un instant qu’en matière de danger il ait pu évoquer le dangereux terroriste Assange, retenu prisonnier politique dans des conditions scandaleuses dans les prisons de sa Majesté pas élue).

Sur un lancement de mode


A l'époque, l'exquise Marianne Faithfull (“ fidèle ” en français) était en couple avec le génial Mick Jagger. 

Survint Delon.
Mick s'en foutait : il était en train de lancer la mode des chaussettes dépareillées (punctum barthésien).

Hé oui, les Djeuns', c'était il y a 55 ans ...
Sur un lancement de mode