jeudi 20 août 2020

Pauvre Schœlcher !


 

A la réflexion, je n’ai toujours pas compris pourquoi, suite au meurtre par des policiers d’un Etasunien « afro-descendant » comme il faut dire désormais, deux statues de Victor Schœlcher ont été vandalisées aux Antilles, dont une dans la ville de ... Schœlcher, le jour de l'anniversaire de l'abolition de l'esclavage en Martinique (22 mai). Le conseil municipal de Schœlcher a estimé qu'il s'agissait d'un « acte absurde commis contre un symbole de la mémoire martiniquaise dans lequel des générations de martiniquais se sont identifiées dès l’année 1848, sans hésitation. Cet acte de vandalisme déshonore ceux qui l’ont perpétré et que, loin de représenter un progrès, il est une régression vers l’anti-schoelchérisme des esclavagistes. Nous considérons que Victor Schœlcher est une des grandes figures emblématiques du mouvement abolitionniste au 19ème siècle comme l’écrivait Aimé Césaire «la clairvoyance de Schœlcher avait donné le branle de la liberté, l’impétuosité nègre fit le reste.. »

 

Car s’il est un Français parfaitement innocent de tous les crimes induits par le colonialisme français, c’est bien lui.

 

Schœlcher est né en 1804 à Paris dans une famille de la bourgeoisie catholique. Son père était un industriel d’origine alsacienne. Après de bonnes études, il côtoie George Sand et Franz Liszt.

 

Dès 1830, il décide que sa vocation sera de lutter contre l’esclavage en en « tarissant la source », à savoir la traite. A la fin de sa vie, comme il n’était pas marié et n’avait pas d’enfants, il décide de donner tout ce qu’il possédait, notamment au Conseil général de la Guadeloupe.

 

En 1833, il publie De l'esclavage des Noirs et de la législation coloniale un réquisitoire contre l'esclavage. Il estime que celui-ci ne pourra être aboli qu’à l’occasion d’un « incident révolutionnaire » qu’il appelle de ses vœux. Selon lui, seules les révolutions peuvent rétablir « l'équilibre que les envahissements de la richesse tendent toujours à détruire ». Il déplore que  la Révolution de 1830 a ouvert une période longue dans laquelle les libertés ouvrières ont été confisquées.

 

Après un nouveau voyage aux Antilles en 1840, il se prononce pour une abolition immédiate et complète de l’esclavage et décide de se consacrer désormais entièrement à cette cause.

 

En 1847, il écrit que « le seul, l'unique remède aux maux incalculables de la servitude c'est la liberté. Il est impossible d'introduire l'humanité dans l'esclavage. »

 

En 1948, Aimé Césaire lui rendit hommage en ces termes : « Évoquer Schœlcher, ce n'est pas invoquer un vain fantôme, c'est rappeler à sa vraie fonction un homme dont chaque mot est encore une balle explosive… Schœlcher dépasse l'abolitionnisme et rejoint la lignée de l'homme révolutionnaire : celui qui se situe résolument dans le réel et oriente l'histoire vers sa fin (…) Victor Schœlcher, un des rares souffles d’air pur qui ait soufflé sur une histoire de meurtres, de pillage et d’exactions. »

 

Certains des vandales ont reproché à la France de favoriser des figures libératrices d’hommes blancs en laissant dans l’ombre des combattants de couleur. J’avoue que cet argument ne m’a pas convaincu.

 

Pauvre Schœlcher !

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