samedi 8 février 2014

La délicatesse de Dieudonné

Pour ceux qui font la fine bouche face aux attaques contre Dieudonné (“ mais non, il n'est pas antisémite, il est bourré de talent, c'est un génie du comique. Et puis, il est antisystème ”). Bon, d'accord, il fait de l'optimisation fiscale, mais quel courage, il se bat seul contre tous !

Non seulement, dans un de ses sketchs, il “ pisse à la raie ” d'une rescapée d'Auschwitz, mais il publie, en autres gracieusetés, cette quenelle de deux jeunes pauvres types à Oradour sur Glane.

À propos d'Oradour, un souvenir personnel. J'ai un vieil ami allemand, né en 1938, fils de pasteur protestants opposant au nazisme. Un jour de 1943, la Gestapo vient chercher ses parents. Elle ne les gardera qu'une journée, sans violence, en leur intimant simplement l'ordre d'accrocher une photo du Führer dans les classes de l'école qu'ils dirigent. Ils n'obéiront pas et l'affaire en restera là. Sa vie durant, mon ami gardera un léger bégaiement dû à la disparition de ses parents, ce qui ne le gênera pas, au contraire, pour parler un des meilleurs anglais que je connaisse.


Vers 1990, mon ami est nommé pour un an professeur à l'Université de Poitiers, à une centaine de kilomètres d'Oradour. Il me demande de l'accompagner dans la ville martyr, pour une sorte de pélerinage. Il m'avoue : “ Je n'y serais allé avec personne d'autre que toi. ” Je crois qu'on ne m'a jamais rendu un si bel hommage, qu'on ne m'a jamais témoigné d'une marque de confiance aussi forte. J'eus beau lui dire que, né en 1938 dans une famille de démocrates, il n'était responsable de rien, cet homme parfaitement innocent portait sur ses épaules toute la faute de l'Allemagne.

Un mot sur l'acte de photographier les lieux de la barbarie. Il faut le faire, pour témoigner, inlassablement. Mais il est obscène, selon moi, de poser ou de faire poser quelqu'un (avec ou sans quenelle) devant ces horreurs. Faire de Buchenwald, du Struthof ou de la maison d'Ann Frank le lieu d'une mise en scène relève du plus scandaleux des détournements.

La délicatesse de Dieudonné

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