jeudi 27 mars 2014

Des robots et une bouche-trous

Je vous parle d’un temps…

… Où les PTT étaient un service public avant que les Solfériniens en fasse une entreprise privée.

Vous aviez deux ou trois opérations à effectuer. Vous faisiez la queue au guichet et, quand votre tour arrivait, une employée (ou un, mais c’était plus rare) qui jouissait de la garantie de l’emploi car elle (ou il) avait passé un concours et était fonctionnaire, s’occupait de vos deux ou trois opérations. Vous échangiez quelques mots avec la personne en question, apposiez une paire de signatures sur des documents idoines et le tour était joué.

Depuis que les Solfériniens et la droite ont « modernisé » les PTT en imposant la logique de l’entreprise privée aux services postaux et en inventant la « Banque Postale », il en va différemment, en particulier dans les grandes agences. Le client fait désormais face à des robots qu’il doit d’abord repérer puis piloter lui-même. Un robot par type d’opération, naturellement.


Si, comme ce fut mon cas tout récemment, on se sent un tout petit peu perdu, un être humain peut – éventuellement, car rien ne l’y oblige vraiment – vous apporter de l’aide. Ce au détriment d’autres clients qui font la queue à l’accueil en quête de renseignements.


C’est ainsi que je tombai sur une jeune dame très compétente, très obligeante qui m’expliqua le fonctionnement d’un robot dont la tactilité m’échappait complètement. Comme je faisais observer à cette employée que, désormais, dans les établissements postaux, c’était les clients qui se tapaient le boulot, elle me répondit qu’elle en était bien consciente et qu’elle-même bouchait les trous à la Poste depuis dix ans. Dix ans de précarité à prendre en pleine figure les clientsmauvais coucheurs. Comme je lui demandais pourquoi elle était dans cette précarité depuis aussi longtemps, elle m’expliqua qu’elle était handicapée. Elle avait été victime d’une encéphalite virale (cette petite saloperie qui occasionne des maux de tête inouïs, des états léthargiques, des convulsions et autres désagréments). Elle s’était battue contre la maladie et en avait triomphé. Depuis, La Poste lui faisait une grande faveur en lui permettant de boucher des trous parce qu’elle était handicapée. Sans statut, bien sûr.

Le président (de 2002 à 2013) du « groupe La Poste », Jean-Paul Bailly, est né à Hénin-Beaumont. Encore une preuve de l’existence du diable !

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