vendredi 14 octobre 2016

L'islamisme est-il conquérant ? (IV)


Dans une interview au journal belge De Standard, Choudary explique qu’il veut décourager les immigrants musulmans de s’intégrer dans la société belge telle qu’elle est. Pour la conversion de la population, il envisage quatre méthodes : « Ou bien la majorité de la population se convertit à l'islam ; ou bien une puissance islamique étrangère conquière ce pays, ou bien il y aura une rébellion contre l'oppression des musulmans ; ou bien encore les musulmans renverseront le gouvernement. La société sera unie par l'islam ». Pour la Grande Bretagne, ses visées sont également très pédagogiques. Á la question : votre organisation veut faire du palais de Buckingham une mosquée et transformer radicalement Trafalgar Square, il répond : « Nous voulons montrer comment la vie va changer. La monarchie devra disparaître. L’idolâtrie sera interdite, la statue de l’amiral Nelson à Trafalgar Square devra disparaître. Une horloge islamique sera installée fort à propos. Tous les droits fondamentaux seront respectés. Tous les besoins seront satisfaits. L’essence, le gaz, l’électricité et l’eau seront gratuits ».

Un seul parti a demandé aux autorités de fermer le tribunal islamique d’Anvers : le Vlaams Belang, parti d’extrême droite proche du Front National français, hostile à toute immigration et défenseur de la culture européenne « supérieure aux autres ». Par un raisonnement difficile à réfuter, il estime : « Á l'évidence, vous ne pouvez pas avoir un système parallèle de tribunaux islamiques avec des jugements basés sur des principes qui sont en opposition avec les valeurs de notre démocratie constitutionnelle ». Voilà où les Belges en sont !

En Allemagne, les activistes de la Charia sont désormais poursuivis. Le tribunal suprême de Düsseldorf a ouvert un procès à l’encontre de huit membres de la “police de la charia”. Cette cour a annulé la décision du tribunal de Wuppertal qui avait refusé d'examiner l'affaire. La police de la charia a commencé à effectuer ses patrouilles dans les rues de la ville de Wuppertal en 2014. Les “policiers” demandaient aux habitants de la ville de respecter la charia et diffusaient des affiches expliquant ses règles principales : interdiction de consommer de l'alcool, des drogues et de jouer aux jeux de hasard. 

Dans le pays, les tensions sont croissantes. Á Stuttgart, 400 manifestants pro-migrants ont été arrêtés. Le parquet les accuse d’avoir violé l'interdiction du port d'uniforme lors des manifestations ou rassemblements. En décembre 2015, le parquet a arrêté à Mönchengladbach un certain Sven Lau, catholique converti à l’islam, l'un des fondateurs de la “police de la charia” de Wuppertal. Il opérait dans la région de Düsseldorf où il était en contact avec des djihadistes allemands de l'Etat Islamique. Auparavant, le parti allemand d'extrême-droite Die Rechte avait annoncé avoir créé un service d'ordre en réponse à la “police de la charia”, la Stadtschutz (protection municipale), chargé de patrouiller dans les rues et les transports en commun de la ville de Dortmund.

L'islamisme est-il conquérant ? (IV)
Dans plusieurs pays européens, l'affiche ci-dessus a été placardée dans des secteurs urbains à forte concentration musulmane. Il s'agit d'une occupation tranquille, ignorée des médias, que les autorités refusent de simplement prendre en compte de peur de déclencher des émeutes.

L’islam sans gêne mais sans entraves peut parfois se permettre l’impensable. Comme à Londres, au pied de l’Abbaye de Westminster, un endroit dont l'accès est interdit.
L'islamisme est-il conquérant ? (IV)

En France, nous n’en sommes pas là mais l’esprit de la démarche est identique lorsqu'à la RATP des chauffeurs islamistes refusent de conduire un bus après une femme. Á chaque fois, il s’agit, par une petite provocation (ou une énorme dans le cas de Westminster Abbey), de faire reculer la loi démocratique, et de tenir pour acquises, “normales”, “peu dérangeantes” des pratiques illégales. Le paradoxe est que, plus on fait un pas vers une acceptation des exigences de l’autre, plus l’écart entre les communautés s’agrandit. Plus on interdit dans les écoles primaires des bonbons Haribo – sensés contenir de la gélatine de porc (en fait, le plus souvent, de bœuf) – plus on divise les parents et les enfants en cessant, par exemple, de les réunir une fois par an dans des fêtes de fin d'année. La religion ayant repris sa course en avant dans les pays musulmans, avec toutes ses contradictions, l’immigration en Europe transporte cette évolution dans ses bagages. En Europe, l’islam est la religion qui croît le plus rapidement.

Dans l'islam comme dans tous les domaines, les minorités actives s'imposent aux majorités au ventre mou. Et cela colle parfaitement avec les logiques commerciales et capitalistiques. 70% de la viande provenant de Nouvelle-Zélande au Royaume Uni est halal, alors que la population n'est évidemment pas musulmane à 70%. Tout simplement parce qu'un observant halal ne peut pas manger de la nourriture non halal alors qu'un laïque peut très bien manger halal (ou casher). Ceci ne concerne évidemment  pas le porc mais pour 51% de l'agneau, 31% de la volaille et 7% du bœuf. De mêrme qu'une minorité anti-alcoolique a imposé la prohibition aux États-Unis, une minorité islamiste est en train d'imposer le voile sous toutes ses formes en Europe. Prôner la tolérance absolue pourrait déboucher sur la fin de la tolérance. On a pu observer ce paradoxe dans le champ de la (ou des) liberté.

Les dirigeants européens (politiques et économiques) souhaitent davantage d’immigration pour rajeunir la population (3 enfants par famille musulmane au Royaume Uni contre 1,8 dans les familles non musulmanes) et pour fournir une main-d’œuvre acceptant les tâches les plus pénibles pour des salaires médiocres. Mais un migrant emporte toujours sa culture à la semelle de ses souliers. Une réussite économique due à l’immigration, comme ce fut le cas aux Etats-Unis, ne mène pas forcément au consensus culturel, moins encore à l'assimilation, tout particulièrement lorsque, en cas de (fausse) crise, la classe dominante jette les individus et les groupes les uns contre les autres.

Le terrorisme n’est pas le danger principal auquel l’Europe doit faire face. Le problème, c’est une intégration ratée, une marginalisation culturelle et économique de groupes de plus en plus importants, y compris de populations « de souche » qui ont déjà commencé à nourrir le fascisme dans toute l’Europe parce qu'elles ne se sentent plus chez elles face à des minorités multiculturelles, toutes étant des victimes de la mondialisation capitaliste.

(Fin)

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