lundi 23 janvier 2017

Quand le député René Dosière se sacrifie pour la France


On ne saurait intenter au député René Dosière un procès en oisiveté. Depuis 1997, il siège à l’Assemblée nationale où il s’est dépensé sans compter. Il a droit, comme tous les travailleurs, à une vraie retraite. D’autant que, né en 1941, il a 75 ans (va-t-il rempiler lors des élections législatives du printemps prochain, le suspense est insoutenable ?). René Dosière a cumulé d’autres fonctions : 15 ans conseiller général de l’Aisne, 14 ans maire de Laon, 1 an président du Conseil régional de Picardie.

Á l’évidence, il aime ce qui est pour lui un métier : à deux reprises, cet encarté au parti socialiste (depuis 1977) s’est présenté, avec succès, contre les militants de son parti qui lui avaient préféré d’autres candidats. Lors de ces manœuvres, il fut soutenu par l’actuel ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas. Il siège à présent sous l'étiquette Divers-Gauche.



En tant que député, René Dosière s’est spécialisé dans l’utilisation des finances publiques. Il s’est courageusement opposé au ministre Sarkozy lors de l’affaire de la carte bancaire de Cécilia Sarkozy et au président Chirac lorsqu’il dénonça la forte et très opaque progression du budget de l’Élysée, une enquête qui déboucha sur la publication de L’Argent caché de l’Élysée. Il a également travaillé sur les finances de l’Assemblée nationale, celle des outre-mer, au fonctionnement de la Cour des comptes et à la sécurité routière. Bref, il n’a pas chômé et n’a pas craint de s’exposer.

La où le bât blesse c’est quand il justifie le montant des retraites des députés. S’ils peuvent avoir droit à la retraite, c’est parce qu’ils touchent des émoluments. Pour faire vite, un député touche 5 500 euros imposables et une indemnité de fonction de 1 400 euros non imposable. Ils déduisent de ce traitement brut 1 900 euros de cotisations diverses. Ils touchent par ailleurs une contestée “indemnité représentative de frais de mandat” (IRFM) qui s'élève à 5 700 euros par mois, dont il faut déduire la CSG et la CRDS. Elle doit permettre aux députés de « faire face aux diverses dépenses liées à l'exercice de leur mandat qui ne sont pas directement prises en charge ou remboursées par l'Assemblée ». Ouais…




Le régime des retraites des parlementaires a été récemment réformé (par eux) à leur désavantage : il doivent désormais avoir cotisé 31 ans pour percevoir une retraite à taux plein. Rappelons que les salariés français ”ordinaires” doivent cotiser 42 ans. Après un mandat, ou cinq ans de cotisation, le député touche 1 000 euros de retraite (un salarie du privé qui gagne 7000 euros par mois touchera 542 euros de retraite pour cinq ans d’acticité).

Mais un député sur dix, dont René Dosière, continue à bénéficier de l’ancien système, au non de la non-rétroactivité. L’élu picard touchera une retraite a taux plein en ayant cotisé 22 ans et demi, à savoir 6329 euros brut.

Si une réforme de 2010 vise à aligner le système des pensions sur celui de la fonction publique, les députés bénéficient toujours d’un régime de retraite généreux. En moyenne la retraite d'un ancien député s'élève à 2 700 euros nets par mois. Jusqu'en novembre 2010, les députés pouvaient profiter de la règle de la double cotisation lors de leurs trois premiers mandats de 5 ans à l’Assemblée.

Interrogé par une journaliste de France 2 le 11 janvier 2017 sur ce qu’il est difficile de ne pas appeler un privilège, René Dosière a répondu que, pour être député, il avait « consenti des sacrifices importants ». La journaliste lui a sauté à la gorge pour exiger qu’il détaille ces sacrifices ! J’déconne. En bonne élève de Pujadas, elle n’a pas relancé.

Brièvement quelle fut la vie sacrificielle de Dosière ? Fils d’instituteur, il obtient une licence d’histoire et de géographie et un DESS de géographie. Il travaille un an au service départemental d’aménagement rural de l’Aisne puis effectue son service national dans la coopération au Canada. Á partir de 1977, il est élu municipal et régional. Il aura donc mené une vie de travailleur « normal » de 1970 à 1977.

On cherchera en vain les sacrifices qu’il a dû accomplir quand il est devenu un élu du peuple, que ses revenus ont doublé ou triplé. Et ce qui justifierait une retraite somptuaire.

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