jeudi 24 mai 2018

Tous derrière Rébecca Gensane !


Que se passe-t-il dans la tête d’une adolescente de 14 ans qui, depuis l’âge de 7 ans, ay consacré la plupart de son temps non scolaire à la pratique de la natation, lorsqu’elle se retrouve, par la grâce de ses performances, qualifiée pour les championnats de France élite ?

Á dire vrai, et par expérience personnelle, je n’en sais rien. Dans ma famille, comme dans celle de la maman de Rébecca, si l’on remonte jusqu’à Vercingétorix ou à Jules César, il n’y a pas un seul compétiteur. Naturellement, je n’oublie pas le cousin Philippe Presti, double champion du monde de Finn et double vainqueur de la  Coupe de l’America en tant que barreur. Et je n’oublie naturellement pas non plus Raphaëlle, la sœur aînée de Rébecca, qui n’a jamais aimé la compétition mais qui nage toujours, régulièrement et de manière exigeante. Rébecca ne partage avec Philippe que 12,5% de gènes italiens et il y a bien longtemps qu’elle a dépassé sa sœur en termes d’implication et de performances.

Yannick Agnel disait que « la natation, ça n’est jamais que des allers-retours dans une baignoire ». C’est justement là que réside la difficulté de cette activité. En sport collectif, un entraînement ne ressemble jamais à un autre entraînement. En sport individuel (tennis, athlétisme, boxe, escrime etc), les conditions ne sont jamais les mêmes. En natation, les petits carreaux de la piscine sont désespérément identiques et l’eau est toujours à la même température, à un ou deux degrés près.

Á six ans, Rébecca nageait deux fois 45 minutes par semaine avec les Dauphins du TOEC de Toulouse (dont je salue les entraîneurs). Elle en est aujourd’hui à 12 heures hebdomadaires, auxquelles s’ajoute une heure et demie de préparation physique générale : pas de musculation mais des “ pompes ”, du gainage et autres joyeusetés. Á l’occasion des petites vacances, quand les autres enfants se dispersent dans la nature, Rébecca et ses camarades doublent le régime, sachant que lors d’une séance de deux heures, ils nagent 4 500 à 6 000 mètres. J’admire profondément tous ces enfants.

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Rébecca a appris récemment que la Fédération Française de Natation l’avait sélectionnée avec six autres collègues pour les championnats méditerranéens des jeunes. Cette première sélection internationale l’emmènera en juin à Chypre.

Il est important pour Rébecca et pour tous les autres enfants qu’ils puissent s’épanouir dans d’autres domaines que le sport de haut niveau. Question d'équilibre. Pour sa part, elle a la bosse des maths (elle a consacré – il fallait le faire – son rapport de stage de 3ème à un institut de recherches en mathématiques !) et s’efforce de s’asseoir le plus souvent possible devant son piano. Après les incontournables “ Marche Turque ” et “ Lettre à Elise ”, elle travaille actuellement la valse de Chopin opus 69, n° 2.

Tous derrière Rébecca Gensane !

Aux Championnats de France de Saint-Raphaël, outre sa participation à deux relais, Rébecca s’alignera dans la course individuelle du 200 4 Nages car elle a satisfait aux temps de sélection (elle compte parmi les six plus jeunes nageuses de la compétition.). C’est son épreuve de prédilection : elle n’y a jamais été battue par une enfant de son âge. Le 4 Nages est, comme son nom l’indique, l’épreuve des nageurs très complets. Si l’on est surclassé dans le 50 brasse, on est irrémédiablement défait car on ne revient pas dans la dernière longueur en crawl. Rébecca détient à ce jour la deuxième performance nationale de l’année sur 50 mètres brasse. C’est là qu’elle fait la différence (on pourra consulter ses meilleurs temps de 2017-2018 ici).

Un de ses atouts majeurs, outre sa régularité aux entraînements, c’est qu’elle prend une course après l’autre, avec des nerfs d’acier (que ne lui ont pas transmis ses parents). Si demain on lui disait : « Tiens, tu vas nager contre Michael Phelps » (toute proportion gardée, c’est ce qui va se passer), cela ne la tourmenterait pas plus que de raison. Elle monterait sur le plot de départ et se lancerait. Avec la volonté d’aller au bout du goût. 

C’est ce qu’elle fera aux Championnats de France, contre des dames de 20-25 ans. Advienne que pourra, mais ce sera formidable. J’espère que mon cœur de récent septuagénaire tiendra.

Vas-y, ma chérie, on est tous derrière toi !

Rébecca nage ici.

Photos : Lyon Natation Métropole (Jean-Luc Guégan).

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