samedi 23 juin 2018

De la triche : Trump et les sportifs italiens



Une loi aux États-Unis stipule que tout document consulté, touché, par le président – lettres, courriels, rapports – doit être conservé et envoyé aux Archives nationales. Cette loi, Donald Trump ne la respecte absolument pas, il s’en contrefiche comme de sa première tour. Il archive en balançant dans la première corbeille venue. Pas par méchanceté mais parce qu’il se moque de cette contrainte.


Ce faisant, il se place hors la loi. Trump n’aime pas les règles. On l’a encore observé lors d’un récent sommet mondial quand, après avoir signé un important accord avec ses partenaires, il l’a dénoncé dans l’heure suivante par un simple tweet. Bien sûr, il ne s’agissait pas que d’un tweet ; l’enjeu et la démarche étaient certainement beaucoup plus complexes que cela. Mais notre banquier a eu l’air bien malin de se retrouver ainsi le bec dans l’eau quelques semaines après avoir mamouré de manière obscène l’actuel titulaire de la Maison Blanche. Lorsque Trump n'était qu'homme d'affaires, il agissait de même. Il signait avec un fournisseur pour une valeur de 100 et payait 70. Le fournisseur était furieux. Trump lui disait alors d'attaquer justice, ça prendrait 10 ans et le type serait sur la paille au bout du compte.


On peut se demander pourquoi Trump agit de la sorte : son pays domine – encore – le monde, sa monnaie dicte la loi dans tous les domaines et ses centaines de bases militaires quadrillent la planète d’une manière qui est devenue aussi évidente que l’invasion des chaînes de télé du monde entier par des films de série B hollywoodiens. Si Trump triche, c’est parce qu’il y a en amont une conduite, une pulsion qui le poussent à agir de la sorte. Il peut très bien – quoique rarement – viser des objectifs honorables : il préfère les atteindre de manière retorse.


Alors quid des sportifs italiens ? Chacun le sait : l’Italie est une grande nation sportive. Elle a ainsi remporté plus de médailles aux Jeux olympiques que la France. Par exemple 283 médailles d’or aux JO d’été contre 212. En football, l’Italie a remporté quatre fois la Coupe du monde (la France une seule fois). Pas parce que le football italien fut longtemps l’un des plus dopés de la planète, avec des spécialistes qui ont conseillé Lance Armstrong, le cycliste le plus “ stimulé ” et tricheur de tous les temps. Ils ont gagné parce qu’ils étaient les meilleurs. C’est tout.


Alors pourquoi, en particulier dans les compétitions qui rassemblent de jeunes sportifs, les Italiens trichent-ils ? Récemment, lors d’une rencontre internationale réunissant des nageurs de 13 à 15 ans, ils ont mis en place, pour la nième fois, un petit stratagème de triche mesquine qui ne servait strictement à rien. Lorsque des nageurs s’inscrivent dans une épreuve, ils donnent un temps d’engagement qui est, 999 fois sur 1000, le temps de leur meilleure performance. Cela permet aux organisateurs de les placer dans les séries par ordre décroissant : les compétiteurs les plus faibles intervenant en début de programme, les meilleurs en fin de programme. Á l’intérieur de chaque série, les couloirs 3, 4 et 5 sont attribués aux plus rapides, les couloirs 6, 7,  1 et 8 aux plus lents.


Quand les Italiens trichent, ils donnent à leurs nageurs un temps d’engagement plus lent que celui qu’ils  ont déjà réalisé. Les nageurs se retrouvent ainsi dans les lignes extérieures, ils se font oublier des lignes 3, 4 et 5 qui s’observent et ne se rendent pas compte que, près du mur, un ou deux nageurs sont en train de les surclasser.


Dans la compétition à laquelle je me réfère ici, une nageuse a donné deux temps supérieurs de quatre secondes (ce qui est énorme à ce niveau) à sa vraie valeur. Les autres nageurs ne l’ont absolument pas vue débouler et elle a gagné facilement. Je le répète : elle a gagné parce qu’elle était la meilleure et elle l’aurait, de toute façon, emporté, sans tricher. Mais les épreuves ont été faussées car chaque compétiteur pense sa course en fonction de ses adversaires, soit en « faisant sa course » sans les prendre en compte, soit en calquant ses efforts sur eux. Dans le cas de compétitions de nageurs plus âgés, ces stratagèmes sont impossibles car les compétiteurs se connaissent par cœur et les bases de données n’ont de secret pour personne.


Les sportifs italiens sont comme Trump : ils sont les plus forts sans tricher, mais il faut qu’ils trichent.


De la triche : Trump et les sportifs italiens

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