mardi 27 août 2019

Un centre de soins de suite privé bientôt au CHU de Poitiers




Le site de la Milétrie pourrait accueillir une nouvelle unité de 160 à 200 lits de soins de suite et de réadaptation. Un projet impulsé par un groupe privé dans l'enceinte de l'hôpital public.


Michèle Barzach n’aura pas été bien longtemps ministre de la Santé (de 1986 à 1998 sous Chirac). Mais elle aura fait bien du dégât. Une semaine après la catastrophe de Tchernobyl, elle déclare, du haut de se science de gynécologue et de psychanalyste, que le nuage radio-actif n’a pas contaminé la France et que les femmes enceintes n’ont aucune précaution à prendre. C’est également sous son autorité que que le secteur privé a pu prospérer – suivant en cela l’exemple allemand – dans l’enceinte des hôpitaux publics.


Sous le banquier éborgneur, aucune chance que la tendance s’inverse. Au CHU de Poitiers, les patients qui subissent une IRM ou un scanner le font dans le cadre d’une structure publique-privée, cofinancée et cogérée par le centre de radiologie Pictavix.


Le CHU de Poitiers devrait prochainement accueillir un projet 100% privé pour la création d'un centre de soins de suite et de réadaptation de 160 à 200 lits et places, d'ici trois à cinq ans. Le CHU va céder une parcelle de terrain libérée par la démolition du pavillon René-Bauchant. Ce pavillon, qui date de 1970, a été désaffecté depuis le déménagement du service de pneumologie dans la tour Jean-Bernard. L’idée est donc de détruite du public pour faire place au privé.


Á quelques kilomètres de Poitiers, le centre de suite du site de Lusignan (qu’a bien connu la fée Mélusine, autre faiseuse de miracles) qui comporte une trentaine de lits devrait être fermé. Le maire fauxcialiste de Poitiers, Alain Claeys (qui a mon âge, donc qui prépare ses arrières et qui fut mon collègue à l’Université de Poitiers) est en train de faciliter le terrain de ces grandes manœuvres après avoir déclaré qu’il y avait « un besoin de soins de suite dans la Vienne ». Céline Laville, représentante de la Coordination nationale interprofessionnelle (CNI) au conseil de surveillance, est sur la même longueur d’ondes : « Cela peut paraître un peu bizarre d'avoir un organisme privé à l'intérieur d'un organisme public mais ce projet est utile. Le manque de lits de soins de suite provoque un engorgement des lits d'hospitalisation qui, en cascade, perturbe le fonctionnement des urgences. Surtout, le directeur général a indiqué que rien ne se ferait si le groupe privé ne s'engage pas à réserver en permanence quarante lits pour le CHU. Ce serait une très bonne opération. » Une très bonne opération financière, cela va sans dire.


Nous sommes dans une logique infernale : les 204 lits publics ne répondent plus aux besoins grandissants parce que la réduction de la durée moyenne des hospitalisations implique une augmentation du besoin de suite et de réadaptation. Et comme les dotations publiques aux hôpitaux sont généralement en baisse, les établissements ne peuvent développer les activités de suite. Les cliniques privées  – à Poitiers pour beaucoup appartenant à des fonds de pension suédois – bénéficient d’un mode de financement basé sur le prix de journée. Elles peuvent donc plus facilement développer leurs capacités.


Il ne viendrait à l’idée de personne, à commencer Alain Claeys, de rouvrir des lits publics, surtout lorsqu’on a soumis la santé à une logique de financement privé. Il est quand même stupéfiant de constater qu’un CHU dont le budget annuel est de 300 millions d’euros tende la sébile au privé avant de lui laisser la place.


Faut-il rappeler cette analyse incontournable de Noam Chomsky : « Commencez par baisser le financement du public, il ne fonctionnera plus. Les gens s’énerveront et voudront autre chose. C’est la technique de base pour privatiser un service public ? »



Un centre de soins de suite privé bientôt au CHU de Poitiers
Ô que j'aime ce bel auvent !

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