Les « damné.e.s » de la Terre s’en mêlent et, on le verra, s’emmêlent : L’Humanité.e soutient l’écriture inclusive. Récemment encore, par la plume de Daniel Roucous. Les Français, que dis-je, les centaines de millions de francophones de par le monde, ont du pain sur la planche pour assimiler, appliquer et imposer cette réforme qui durera moins longtemps que la mini-jupe car on ne prescrit pas des règles grammaticales par la terreur (pardon : par la bien-pensance et le politiquement correct qui sont toujours de droite) sauf dans le monde de 1984d’Orwell.
Si l’on y va à fond, il va falloir réécrire toute la littérature française, ou alors nos chères têtes (qui a dit « blondes » ?) n’y comprendront plus rien. Par exemple, on aménagera le début de la “ Ballade du Roi des Gueux ” de Jean Richepin :
Venez à moi, claquepatin.e.s,
Loqueteu.x.ses, joueu.r.ses de musettes
ou “ Je ne suis pas de ce.ux.lles qui robent la louange ” de Joachim Du Bellay :
Je ne suis pas de ce.ux.lles qui robent la louange,
Selon Daniel Roucous, il n’existe pas de genre neutre dans la langue française et le masculin l’emporte sur le féminin. Ânerie de première, comme l’a rappelé récemment Irma-Afnani : « Quand j’écris « ils » pour désigner un groupe d’hommes et de femmes, ce n’est pas du masculin, c’est du neutre. Si cela nous surprend, c’est que ça n’est pas du tout enseigné ainsi et qu’il se trouve qu’en français, le neutre se confond presque totalement avec le masculin. Quand la pluie vient, je dis « il pleut », j’utilise le pronom impersonnel « il ». Je ne peux pas dire « elle pleut », sauf à prendre des libertés poétiques avec la langue. Et je doute fort qu’on m’oppose que ce « il » serait la conséquence d’une victoire du masculin sur le féminin. C’est une manifestation du neutre français. D'ailleurs, ce pronom « il » nous vient d'un mot latin qui se décline aussi bien au masculin (ille), au féminin (illa) et au neutre (illud) et qui était un pronom démonstratif : ce, cela. De même, quand j’écris « on parle », c’est du neutre. Certes, étymologiquement le pronom on vient du mot latin homo, « homme », mais ça n’est pas l’homme opposé à la femme, c’est l’humain, celui qui vit sur terre, celui qu’on allongera sous la terre. Parce que le mot latin homo provient lui-même d’une racine indo-européenne qui renvoie à la terre, à l’humus. Et de ce point de vue, hommes et femmes sont égaux, sont également des mortels. »
Daniel Roucous se lance dans une démonstration parsemée d’aberrations. Pour lui, l’écriture inclusive repose sur trois principes. Je le cite :
« – accorder grammaticalement les grades/fonctions/métiers/titres en fonction du genre. Par exemple un auteur une autrice, un maire, une maire, un artisan, une artisanne...
– au pluriel, le masculin ne l’emporte plus sur le féminin mais inclut les deux sexes grâce à l’utilisation du point médian. Par exemple "les électeur-rice-s", "les citoyen-ne-s", les salarié-e-s,
– éviter d’employer les mots "homme" et "femme" pour le genre neutre. Par exemple les droits humains au lieu des "droits de l’homme". » Et il nous aide en nous renvoyant à ce qu’il appelle un « site dédié » (horrible anglicisme).
Dans son texte, qui ne propose pas que des mauvaises choses (mais si on dit « une maire », il faut dire une « bougre » et une « âne »), il part en vrille et s'embrouille les pinceaux (on plaint les élèves). Il propose "les électeur-rice-s", (élecrices, donc) alors que le mot électrice (avec un t) existe. Pour le féminin d’« auteur » il nous propose « autrice » (sur « factrice » ou « actrice », ce qui est logique) puis, l’ayant oublié en cours de route, « auteure ». Comme je l’ai déjà écrit à maintes reprises, il est alors en pleine lutte des classes (du côté des puissants) car il n'écrirait jamais une « ouvrière-fraiseure », une « contrôleure » ou une « coiffeure », des métiers de la classe ouvrière. Pour le féminin d’artisan, il propose « artisanne » alors que le mot « artisane » (un seul n) existe. Enfin, il recommande les « droits humains » au lieu des « droits de l’homme ». Cela fait bien 30 ans qu’on utilise cette expression dans les instances internationales, à l’exemple des anglophones (« human rights ») et aussi des germanophones qui distinguent “ Mensch ” de “ Mann ” (« Menschenrechte »), sans parler des hispanophones (« derechos humanos ») ou des italianophones (« diritti umani »). Et là, on n’a pas intérêt à aller chercher la définition du mot « humain » dans Le Robert car on y trouvera : « De l’homme, propre à l’homme ».
Plaignons les écoli.er.ères et leurs instituteures lorsqu’i.elles essayeront d’appliquer ces règles à 100 000 lieues du génie (dans le sens de propriétés, caractères distinctifs) de la langue et de son histoire.
PS : j'ai eu un mal fou à publier ce texte dans le blog car Overblog possède une correcteur automatique qui refuse les inepties de L'Humanité.e.
PPS : au lieu de s'exciter bêtement sur l'écriture inclusive, les camarades de L'Humanité.e ferait mieux de combattre le vocabulaire que nous impose le capitalisme financier. Franck Lepage faisait remarquer, il y a quelque temps, qu'on ne disait plus “ capitalisme ” mais “ développement ”. Qui avait donc tout intérêt à être “ durable ”. Par ailleurs, on (les politiques et les médias à leur botte) utilise beaucoup, ces temps-ci, le concept d'absentéisme. Ce dont on parle en fait, ce sont des absences. Comme beaucoup de petites saloperies, ce glissement sémantique nous est venu d'outre-Manche. Au début du XIXe siècle, les nobles anglais qui possédaient d'immenses propriétés agricoles en Irlande ne mettaient jamais les pieds dans ce pays de sauvages et faisaient confiance à leurs régisseurs pour gérer leurs biens. Absents (absentees), ils pratiquaient donc la politique de l'absenteeism. L'absentéisme (le mot date de 1945), c'est l'absence non justifiée ou fréquente d'un salarié (par extension d'un élève) de son lieu de travail. Pas un arrêt de maladie de 48 heures pour cause de 40° de fièvre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire