vendredi 27 avril 2018

Le paradigme islamiste s’impose au monde (I)



Lyon intra muros. Il fait un temps superbe, une magnifique journée de printemps, chaude et ensoleillée. Deux adolescentes d’une quinzaine d’années se promènent. L’une porte un jeans tailladé selon cette mode qui est en train de se démoder. Elle a de longs et beaux cheveux très blonds qu’elle laisse flotter au vent. L’autre est brune. Elle porte un short qui laisse apparaître un début de bronzage. Un homme d’une vingtaine d’années, disons de type méditerranéen, les siffle. Pas en signe d’admiration, même s’il exprime par là sa frustration. Il s’agit d’un sifflet d’autorité qui veut dire « vous êtes des traînées ». Les deux jeunes filles ne demandent pas leur reste et s’esquivent rapidement. La prochaine fois qu’elles se promèneront en ville, elles s’habilleront et se coifferont peut-être différemment. Je pense à faire remarquer à ce type que je ne me permettrais pas de siffler sa sœur ou sa femme voilées des pieds à la tête. Ce serait en pure perte, donc je ne dis rien. Je suis dans le renoncement.


Simplifions : dans la deuxième agglomération de France qui, pour d’aucuns (pas pour moi qui ne suis pas croyant), est la capitale des Gaules, une certaine pratique de l'islam dicte sa loi morale et comportementale. Il en va de même, en pire, dans tout le monde occidental : de Vancouver à Bruxelles, de Stockholm à Naples. Des centaines de millions de gens sont tétanisés devant les exigences – non pas de l’islam – mais d’un caïdat rigoriste qui, avec la complicité du capitalisme financier, est un train de transformer le monde en un immense champ de communautarismes divers et déflagrateurs.



Les grandes puissances occidentales ont choisi leur camp : celui des pays où l’on coupe les mains des voleurs, où l’on pend les homosexuels quand on ne les précipite pas du haut d'un immeuble, des pays qui balancent des armes chimiques sur les populations civiles yéménites. Des pays arabo-musulmans sont attaqués de front, non parce qu’ils ne sont pas parfaits, mais parce qu’ils sont – plus ou moins – laïques. Ce fut le cas de la Libye de Kadhafi. C’est le cas de la Syrie de Bachar al-Assad. Comme son père avant lui (personne n’a oublié les massacres de Hama en 1982, des représailles d’une extrême férocité en réponse aux exactions des Frères musulmans), Bachar a du sang sur les mains. Beaucoup de sang. Mais, comme Kadhafi, il avait réussi à épargner à son pays le moyen âge mental dans lequel il risquait de sombrer. La Syrie est une République qui ne connaît pas la Charia. Les femmes ont les mêmes droits que les hommes dans le domaine de l’éducation. Le port de la burqa est déconseillé. La communauté chrétienne représente environ 10% de la population, en baisse, cela dit (sept papes étaient d’origine syrienne). Pendant et après la guerre impérialiste étasunienne contre l’Irak, la Syrie a accueilli 1 500 000 ressortissants de ce pays. En 2010, la dette publique syrienne représentait 30% du PIB et le pays ne s'était pas obéré auprès du FMI.

Nous vivons un paradoxe extraordinaire : les pays qui se sont libérés du danger islamiste sont de moins en moins des modèles pour des musulmans qui tirent parti de la liberté et du bien être en Occident (quand on pense que, même en Arabie saoudite, les choses bougent !). Et ces musulmans rigoristes n’ont de cesse d’imposer leurs mœurs, d’envoyer dans les cordes des pratiques démocratiques séculaires et d’amener à résipiscence des populations qui ne se défendent même plus par mauvaise conscience. Á ce niveau, la Grande-Bretagne est une championne.


Outre-Manche (où, dans certaines rues, les trottoirs de gauche sont réservés aux hommes juifs et ceux de droite à leurs femmes), une éducation religieuse facultative est dispensée dans les écoles d’État. Des enseignants progressistes ont récemment qualifiés de « racistes » des parents qui refusaient que leurs enfants suivent des cours d’islam. Selon ces enseignants, on ne saurait préparer les jeunes au monde moderne sans cet enseignementJamais ces mêmes enseignants n’ont fustigé les parents qui refusaient à leurs enfants des cours d’éducation religieuse à tonalité anglicane. Toujours au Royaume-Uni, une femme réfugiée d’origine sri-lankaise (non musulmane), qui n'a fait aucun effort pour apprendre des rudiments d’anglais, ne savait pas allaiter son enfant. L’enfant souffre désormais de séquelles sérieuses (paralysie cérébrale). La justice estime que les sages-femmes auraient dû s’attaquer à la « barrière de la langue » (suivre des cours accélérés de cinghalais ou de tamoul ?), mais pas la mère, ni le père. La mère va recevoir plusieurs millions de livres de dommages et intérêtsde l’ÉtatLe Royaume-Uni est devenu un agrégat de communautés vivant les unes à côté des autres, sans intégration des différents groupes et individus qui ne souhaitent pas relever d’une identité britannique qui n’existe plus car elle s’est effacée derrière les exigences des religions. Contre l’avis de la Cour européenne des Droits de l’Homme, un motard sikh n’a pas l’obligation de porter un casque sur – ou à la place – de son turban (à noter qu’au Québec, où le port du casque est obligatoire, il est permis aux élèves sikhs d’aller à l’école avec leur poignard)Le primat de la religion, couplé au capitalisme le plus débridé qui soit – outre-Manche, nombre d’écoles primaires publiques sont gérées comme des entreprises privées – ont considérablement augmenté la violence : les attaques à l’acide, au poignard, à la machette, les viols collectifs impunis et la prostitution en bande organisée sont devenus monnaie courantesmoins cependant, proportionnellement, qu’en Suède, pays qui a décidé en 1975, de devenir multiculturelUn des résultats de cet éclatement est qu'en 2017 l'administration responsable de l'environnement du travail a reçu 450 notifications de violence sur des enseignants. Les syndromes d'épuisement se multiplient dans la profession70% des municipalités suédoises ont renforcé la sécurité dans les écoles.


Le paradigme islamiste s’impose au monde (I)

En Écosse, le SNP (parti national écossais), pour sa part, demande aux enseignants de ne plus évoquer en cours les « valeurs britanniques » car cette expression « offense et peut radicaliser » les élèves musulmans. Or, jusqu’en 2007, la gauche écossaise était fière de défendre ces mêmes valeurs « britanniques » (et non « anglaises » (« liberté, démocratie, dignité du peuple »), comme gages d’unité et d’identité commune. Le gouvernement écossais propose d’utiliser l’expression « valeurs partagées » et déconseille fortement de lancer en classe des débats sur le terrorisme : « Le concept est problématique, il peut offenser et faire le jeu des groupes qui cherchent à affirmer qu’il y a un conflit inhérent entre le fait d’être britannique et celui d’être musulman. » Les enseignants sont priés de ne pas utiliser les expressions « guerre contre le terrorisme », « terrorisme islamiste », « djihadisme ». Dans une Écosse constamment au bord de la tentation sécessionniste, ne plus parler de « valeurs britanniques » peut contribuer à la désintégration du pays alors que de nombreuses autorités écossaises musulmanes revendiquent ces valeurs britanniques qui, affirment-elles, ne sont nullement en contradiction avec leur foi.

Le chirurgien britannique Peter Duffy, exerçant dans le cadre public du Système national de santé (NHS), élu “ docteur de l'année dans son hôpital ” a été obligé de démissionner après avoir été accusé de racisme par trois de ses collègues, Kalinda Madhra, Ashtosh Jaïn et Saleel Nassem. Il avait déclaré au tribunal avoir signalé que l'un de ces médecins était incapable d'utiliser un échographe, qu'il avait mal soigné plusieurs cancers et qu'il jouait au golf au lieu de soigner un patient en état de septicémie avancée. Duffy avait également affirmé que ces praticiens étaient impliqués dans des affaires de fraude aux heures supplémentaires. Ses accusations n'étaient en rien racistes.

Après la maladie, la mort. Après une plainte déposée au nom de la Loi sur l'Égalité et les Droits Humains, un magistrat (sikh) a décidé que les pompes funèbres ne traiteraient plus les enterrements en fonction du principe “ premier arrivé premier servi ” mais feraient passer les défunts juifs et musulmans avant les chrétiens ou les athées (agnostiques, adorateurs de Vishnu etc.) en raison de leurs « croyances religieuses profondes ». Le maire (musulman) de la ville de Londres s'est félicité de cette décision.


De manière plus anecdotique (mais tout se tient), en Grande-Bretagne il est devenu difficile de se raccrocher aux branches. Des jardiniers ont ainsi affirmé que les espèces invasives étrangères végétales, comme la renouée du Japon, étaient une menace pour le pays. Elle a certes été inscrite à la liste des 100 espèces les plus préoccupantes de l’Union internationale pour la conservation de la nature car elle peut grandir de quatre mètres en deux mois. Des scientifiques ont répondu aux jardiniers que, comme ils ne s’en prenaient pas aux plantes invasives indigènes, ils faisaient preuve de racisme ! Voilà où en sont les débats de fond dans ce pays !


La mauvaise conscience taraude également des  éminences de gauche françaises. Edwy Plenel, le journaliste sans cravate, a toujours soutenu Mehdi Meklat qui appela à tuer Charb et la rédaction de Charlie Hebdo (« après l’avoir enculé avec des couteaux Laguiole »). TéléramaLes Inrockuptibles, France Inter ou Christiane Taubira semblent avoir regretté leur soutien. Quand, comme Plenel, on voit dans l’islam rigoriste un substitut aux luttes prolétariennes (de sa jeunesse), tout est possible.


Á Paris, le 17 avril 2018, dans l’université en grève de Tolbiac, des étudiants ont organisé un « atelier en non-mixité raciale ». En contradiction formelle avec les principes constitutionnels de la République française mais la droite ligne des horaires dans les piscines en non-mixité sexuelle qui existent depuis plusieurs années. 


De manière plus modérée mais franchement grotesque, la garde rapprochée de Macron de Rothschild se contorsionne comme elle peut. Interrogé sur le voile islamique, Christophe Castaner se défausse en prétendant qu’il y a quelques années, « toutes les femmes étaient voilées en France. » Les gens de ma génération savent que c’est archi-faux. Des femmes portaient la mantille ou un fichu à l’Église, lieu privé où l’obligation pour les femmes de se couvrir la tête a cessé en 1983. Á l’extérieur, dans les usines ou dans les champs, des femmes pouvaient porter un fichu pour se protéger les cheveux contre les machines ou la saleté.


En Belgique, la communauté musulmane représente environ 7% de la population totale, principalement dans la région bruxelloise. Á l’intérieur de cette communauté – constituée au départ d’ouvriers marocains arrivés dans les années soixante – la frange particulièrement activiste regroupée autour du parti – pour l'instant très minoritaire dans les sondages – Au chœur d’Islam (« Intégrité, Solidarité, Liberté, Authenticité, Moralité »), veut instaurer la Charia en Occident. Concrètement, cela passerait, par exemple, par des bus où les hommes montent à l’avant et les femmes à l’arrière ou par l’abattage privée, au domicile des individus, des animaux à consommerLors d'un débat télévisé, Redouane Ahrouch, conseiller communal à Anderlecht et employé d'une compagnie de transport public, a refusé de serrer la main des femmes présentes, d'être maquillé par une femme et même de regarder ses contradictoires pendant le débat. Au nom de ses préférences culturelles. La chroniqueuse Emmanuelle Praet s'est dite « choquée et offusquée par son comportement, c’est terrible à voir et humiliant à vivre. On se sent comme une moins que rien et ce qui fait peur, c’est que je ne pense pas que ce soit un jeu de sa part ».

Tout récemment, outre-Quiévrain, un réfugié syrien ayant violé une femme de 27 ans a bénéficié d’une mansuétude toute religieuse : le tribunal lui a infligé un an de prison au lieu de trois car il avait invoqué la « différence culturelle ».


En Italie, la population immigrée – en situation régulière – a triplé entre 2001 et aujourd’hui. On l’évalue aujourd’hui à 4 millions sur une population totale de 60 millions. Les immigrés sont principalement concentrés dans le Piémont, en Lombardie, en Toscane et dans le Latium. Les musulmans sont nettement moins nombreux en Italie qu’en France (2,5% contre 5% de la population totale). Mais il leur arrive d’exprimer lourdement leur présence. Récemment, à Savone, la communauté musulmane s’était réunie en congrès dans le théâtre communal de la ville. Au centre de cette salle trône la statue d’un homme nu. L’un des participants s’empressa de recouvrir la moitié basse du corps d’un drap symbolisant pour lui les « dunes du désert ». Les responsables musulmans de Ligurie refusèrent qu’on les accuse de censure : « nous avons couvert cette statue, seulement pour quelques heures ; notre islam est modéré ». Mais en Italie on va jusqu’à devancer des exigences musulmanes pas même exprimées. On se souvient qu’en 2016, à l’occasion de la venue du président iranien, les statues romaines de la mairie de Rome avaient été recouvertes de boites tandis que le Premier ministre Matteo Renzi avait accepter d’enlever le vin de sa table (François Hollande avait annulé un repas officiel pour ne pas avoir à se soumettre à ce diktat). 

(Á suivre)

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