Dans le Nord, comme ailleurs, une bouilloire était effectivement en permanence sur le poêle, prononcé “pouelle”. Mais il trônait aussi, également en permanence, un alambic (une cafetière) de café bouilli-café foutu, café léger qu'on agrémentait de chicorée (dins ch'Nord, y'a taudis eun'alambic sus ch'fû). Mais même avec un peu de cassonat' et d'alcool (une bistoule), ce n'était pas terrible : la chirloute (mauvais café) de tous les jours.
Il fallait bien une trentaine de minutes le matin pour vider les cendres froides, aller les porter au bout du jardin (sans marcher dans la berdoule quand il avait plu), puis enflammer quelques pages froissées du journal de la veille (La Voix du Nord ou Nord Matin, qui étaient encore d'authentiques publications issues de la Résistance), les couvrir de quelques bûchettes de bois puis de charbon.
Mes parents utilisaient des gaillettes, des morceaux de grosseur moyenne. Il les achetaient telles quelles, ce qui n'était pas le cas de gens plus pauvres qui se faisaient livrer du flou, un conglomérat de charbon, de poussière, de pâte. Un combustible très peu calorique résultant du lavage du charbon. Il fallait alors gratter dans le flou pour retirer les gaillettes (i fallot cafoter dins ch'flou pou artirer chés gaillettes). Il ne s'agissait pas d'arlander (de lambiner) car il fallait “ débarbouiller ” le museau des enfants avant de partir pour l'école. Bref, la cuisine était en plein dalache (désordre). La chaleur se répandait doucement dans la pièce. On avait plus la tranette (on ne tremblait plus).
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