lundi 30 septembre 2013

Le Thatchérisme : une réponse au déclin du Royaume-Uni ? (9)


Qu’est-ce donc que le monétarisme ? Une théorie dont le fondement principal est la stabilité de la monnaie. Selon Milton Friedman, l’offre de monnaie doit être déterminée par la banque centrale. La demande de monnaie doit être stable. L’inflation est « partout et toujours un phénomène monétaire dû à l’augmentation trop rapide de la masse monétaire. Enfin, il existe un taux de chômage “ naturel ” en dessous duquel l’économie ne peut pas descendre durablement. Selon cette théorie, l’inflation est donc un fardeau pour le marché et fausse les échanges entre les individus. Parce qu’ils étaient partisans de la réduction de la demande, parce qu’ils étaient contre le consensus social en ce qu’il avait donné trop de pouvoirs à l’État et aux syndicats sur les entreprises, parce qu’ils estimaient qu’il était possible de résoudre le problème du chômage en se soumettant aux conditions du marché mondial, c’est-à-dire à la division internationale du travail, les monétaristes prirent totalement à contre-pied les adeptes de Keynes pour qui les mouvements monétaires étaient la conséquence de phénomènes économiques. C’est la raison pour laquelle, le président Reagan, en bon disciple de Friedman, n’a rien fait pour freiner la montée du dollar, ce qui, en 1984, a augmenté les importations des Etats-Unis de 15%, a fait baisser les exportations étasuniennes de 15% et qui a occasionné 2 millions de chômeurs de plus.


Le thatchérisme a donc voulu mettre en pièces la pensée keynesienne dont s’était inspirée la social-démocratie européenne (ainsi que le New Deal de Roosevelt) pendant une quarantaine d’années, selon laquelle, en période de sous-consommation – comme pendant l’entre-deux guerres – il faut relancer la demande populaire aux dépens des taux de profit et de la plus-value. En réaction, la politique de Thatcher visa à accroître le taux d’exploitation. Ce qui entraîna une dégradation des conditions permettant de dégager cette plus-value. En effet, une politique de déflation se traduit par une capacité non utilisée et par une baisse des taux de profit, à moins que les exportations s’accroissent (ce qui n’était pas le cas). À noter que cette déflation améliora la position concurrentielle du pays, ce qui posa de vrais problèmes aux autres grandes puissances exportatrices. Inversement, on sait que l’augmentation des dépenses publiques facilite la réalisation de profits à court terme mais elle entrave leur production à long terme alors que des compressions de dépenses peuvent contribuer à la création de profits à long terme.

En 18762, l’économiste allemand Adolph Wagner expliqua que « plus la société se civilise, plus l’État est dispendieux ». En d’autres termes et en théorie, la part des dépenses publiques dans le PIB augmente avec le niveau de vie. Pour Wagner, l’augmentation des dépenses publiques se justifie par l’apparition de nouveaux besoins qui amène l’État à investir plus en infrastructures publiques. Un cercle vertueux, à ceci près, aux yeux des Friedmaniens, que la consommation des biens dits supérieurs (éducation, santé, loisirs) augmente plus vite que le revenu de la population.

Illustration : Milton Friedman en compagnie de Pinochet.

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