samedi 12 octobre 2013

La peine de mort au Vietnam : un scandale humain



Mediapart publie cet article de Nhat Vo Tran sur les conditions dans lesquelles la peine de mort est appliquée au Vietnam.

A l’occasion de la Journée Mondiale contre la peine de mort, nous aimerions attirer l’attention sur le Vietnam  qui constitue un cas d’école et qui vient de rater l’occasion de sérieusement réfléchir à abolir la peine de mort. La peine capitale au Vietnam constitue en effet un tragique triptyque : Le système judiciaire est inique, le couloir de la mort est un enfer à lui tout seul et les exécutions sont inhumaines.

Les procès au Vietnam ne sont pas équitables et bafouent trop souvent les normes internationales en la matière : les droits de la défense ne sont pas garantis dans les faits et il n’est pas rare que les avocats, inféodés à l’État-Parti, se font les auxiliaires des procureurs ; la culpabilité est souvent décidée à l’avance ; les juges manquent singulièrement d’humanité. Le risque est grand que des innocents soient condamnés à mort, ou au moins que la peine capitale soit infligée alors qu’elle ne le devrait pas. On pourra à cet égard évoquer une affaire qui avait fait quelque bruit lorsqu’un brillant étudiant d’une famille modeste, Phan Minh Man (20 ans), avait été condamné à mort en 2010 pour le meurtre de son père qui, alcoolique, battait régulièrement et très violemment sa femme et ses enfants. Son cas avait ému tout le monde, sauf les autorités.




En dehors de quelques débats sur l’abolition, lancés pour la galerie, les autorités vietnamiennes restent très attachées à la sentence suprême et ont toujours rejeté les critiques. Pour la petite histoire, accablées au début des années 2000 par les critiques des ONG, des institutions internationales et des États abolitionnistes, elles avaient décidé de classifier toutes les informations relatives à la peine de mort, pensant pouvoir se dissimuler derrière le secret.

Mais dans le même temps, les autorités vietnamiennes voulaient démontrer leur fermeté face au crime et ont continué à diffuser çà et là quelques indications sur les condamnations à mort et à organiser des exécutions publiques. On estimait ainsi que bon an mal an, il y avait une centaine de condamnations à mort et une centaine d’exécutions.

La situation a changé en 2011, lorsque, bien conscientes de la mauvaise image qu’elles pouvaient avoir aux yeux des investisseurs et donateurs, les autorités vietnamiennes ont décidé de changer le mode d’exécution afin, disaient-elles, de le rendre « plus humain ». En dehors de l’ironie de l’argument, il a fallu se résoudre à comprendre que la priorité du Vietnam était surtout de rendre les exécutions « plus humaines » pour ceux qui donnaient la mort et pas forcément pour les condamnés à mort.

Dans les années 1990, la presse officielle a commencé à relater le calvaire que vivaient les soldats et policiers des pelotons d’exécution. Beaucoup souffraient de troubles psychologiques et autres angoisses non seulement du fait de tuer, mais également devant les situations dramatiques des condamnés qu’ils devaient fusiller. Et ils ne disposaient pas d’aide psychologique.

(Un correspondant me fait remarquer que le photo montre un supplicié chinois. Il a raison. Mais un condamné à mort est un condamné à mort.)

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