dimanche 13 octobre 2013

Le Thatchérisme : une réponse au déclin du Royaume-Uni ? (10)


De nombreux monétaristes anglais, ceux de l’Institute for Fiscal Studies, par exemple, pensaient que les bases économiques de la société britannique étaient saines, que si la stabilité monétaire était rétablie et que le pays continuait de s’ouvrir à l’économie mondiale, il réussirait à s’adapter, au besoin en fermant des industries  et en devenant une nation prestataire de services (c’est un peu la logique sur laquelle reposait la logique économique de Giscard et de Barre). Les économistes progressistes pensaient au contraire que le déclin du pays n’avait été relatif et supportable que parce qu’il était advenu dans une phase d’expansion économique mondiale (les années cinquante et soixante). Dès lors qu’à partir de 1973 cette phase fut terminée les défauts structurels de l’économie britannique apparurent d’autant plus nettement que Madame Thatcher ne fit rien pour y remédier : de nombreux secteurs industriels demeurèrent archaïques, la balance commerciale resta nettement déficitaire (au début des années 80, 55% des voitures achetées dans le pays provenaient de l’étranger), des postes par centaines de milliers étaient supprimés dans l’industrie, la productivité était basse. Les exportations de produits finis (le fameux made in England) ne parvenaient plus à couvrir les importations de produits alimentaires et de matières premières. Les difficultés sérieuses que rencontrait le pays furent fortement atténuées par le pétrole providentiel de la Mer du Nord (en 1999, 6 millions de barils de pétrole brut et 280 000 000 m³ de gaz naturel par jour, dont une bonne partie pour le Royaume-Uni). Cette exploitation créa de nombreux emplois et permit l’autosuffisance énergétique.

Avant de dresser un bilan global des premières années du règne de Madame Thatcher, un mot sur la fausseté (théorique) de la théorie monétariste. Le monétarisme veut en effet que l’accroissement excessif de l’offre de monnaie soit la cause principale de l’inflation. Il vaut mieux penser que l’offre de monnaie n’est pas à l’origine de la demande des biens et des services mais que la demande de monnaie a toujours été le reflet de la demande de marchandises. C’est l’expression du niveau général de la production qui a rendu rentable le développement de la production de monnaie-marchandise (l’or ou les coquillages) parallèlement à celui des marchandises en général.


Margaret Thatcher a remporté quelques succès. Facilités par les « efforts » de ses prédécesseurs travaillistes (la continuité entre ces clans est étonnante : voir les Solfériniens en France ou l’actuel chef du parti travailliste Ed Milliband qui se qualifie de « marxiste raisonné »). La réduction des dépenses publiques avait commencé dès 1976 sur injonction du FMI. Durant les premières années du gouvernement Thatcher, la dette publique passa de 6 à 2,5% du PIB. L’inflation, qui avait dépassé les 20%, retomba à moins de 5%. Le taux de croissance tourna autour de 3%. En 1984, le déficit budgétaire était au plus bas depuis dix ans et la productivité industrielle avait retrouvé son niveau de 1979. 300 000 postes de travail nouveau furent créés, le plus souvent du travail à temps partiel non qualifié, cela dit.

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