vendredi 8 novembre 2013

Le Thatchérisme : une réponse au déclin du Royaume-Uni ? (15)

La Grande-Bretagne n’est plus « dans le rouge » mais sa situation financière est quelque peu fragile et artificielle. Pour boucler ses budgets, pour se reconstituer des réserves de liquidité, les conservateurs ont entrepris de vendre des biens appartenant à la collectivité comme, par exemple, des entreprises nationalisées. Sous le règne de Thatcher, 15 entreprises d’État ont déjà été privatisées pour un gain de 5 milliards de livres. La plus grosse vente est celle de British Telecom, florissant fleuron des télécommunications britanniques racheté par deux millions d’actionnaires à un très bon prix. En 1981, Post Office Telecommunications a été renommé British Telecom et est devenu une entreprise publique indépendante de la Poste. En 1982, le monopole de BT dans les télécommunications a été aboli, une licence ayant été accordée à l’entreprise Mercury. La privatisation aura lieu en 1984, avec la vente de plus de 50% des actions de l’entreprise. En 1993, l’État vendra le solde des actions qu’il possédait encore.



Ces ventes au privé n’ont pas engendré la création d’un capitalisme populaire. Lorsque 51% des parts de British Aerospace (entreprise d’État créée en 1977) furent mises en vente en 1981, 150 000 actionnaires se ruèrent sur le gâteau, mais dix mois plus tard, ils n’étaient plus que 27 000 à posséder les précieux titres. Un bel exemple de concentration capitalistique !

Il serait exagéré de dire que les conservateurs privatisèrent à l’époque par idéologie. Les entreprises vendues étant très rentables, l’objectif était d’amasser des liquidités à court et moyen termes afin de réduire l’endettement public.

Pendant ce temps, l’excédent de la balance des paiements courants fondait comme neige au soleil, passant de 5 milliards de livres en 1982, à 2,5 milliards en 1983 pour plonger à 51 millions en 1984. Ce recul était causé par l’aggravation du déficit commercial : 2 milliards de livres en 1982, 4, 2milliards en 1984 (presque le double du déficit français, important à l’époque). Pour la première fois de toute son histoire, la Grande-Bretagne importa en 1984 plus de produits manufacturés qu’elle n’en exporta. Le pays avait été la première puissance commerciale en 1913 (mais, déjà, sa balance commerciale avec la France avait été déficitaire), loin devant les États-Unis. Il avait été dépassé par les E-U en 1921 qui lui vendit cette année-là trois fois plus qu’il ne lui acheta. Longtemps, le pays a limité la casse grâce à ses exportations vers des colonies : l’Inde, Ceylan, Hong-Kong.

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