lundi 2 décembre 2013

Affaire Baby-loup : l’arrêt de la Cour d’appel n’est pas une si bonne nouvelle pour la laïcité


Eric Conan vient de publier cette importante réflexion dans Marianne. Je rappelle qu'Éric Conan est l'auteur du très indispensable Sans oublier les enfants – Les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande (19 juillet-16 septembre 1942), Grasset, Paris, 1991, et le coauteur de Vichy, un passé qui ne passe pas, Fayard, Paris, 1994



L’interminable harcèlement qui a eu la peau de la crèche associative de Chanteloup-les-Vignes (elle ferme en fin d’année) constitue la pathétique illustration d'une régression qui atteint même ceux qui se réjouissent de la décision de la Cour d’Appel de Paris confirmant le licenciement de l’employée.

On connaît, en architecture, cette mode du « façadisme » qui consiste à ne conserver que la belle façade d’un immeuble XVIIIe ou XIXe siècle pour tout détruire derrière et reconstruire du moderne et du fonctionnel. C’est ce qui se passe avec beaucoup de nos grands mots républicains – laïcité, méritocratie, liberté d’expression, intégration, liberté de conscience, égalité des sexes – dont trop de politiques continuent à se gargariser alors qu’ils les laissent petit à petit perdre de leur signification et de leur efficacité.



La laïcité est un bon exemple de la déliquescence d’une valeur républicaine à propos de laquelle on ne s’accorde plus, qu’elle soit oubliée ou transformée par l’adjonction de toutes sortes d’adjectifs (« laïcité ouverte », « modérée », « tolérante », « inclusive », « normale », etc.) à ce mot qui s’est longtemps suffi pour se faire comprendre. L’actualité livre en permanence des illustrations de cette érosion progressive.

A part Jean-Luc Mélenchon, personne n’a par exemple tiqué à l’annonce de l’ouverture par la mairie de Paris d’un complexe municipal des « Cultures d’islam » destiné à tous les Parisiens « croyants de toutes confessions, athées ou agnostiques », comme le précise le dossier de presse, mais dans lequel il ne sera pas servi d’alcool « pour ne pas choquer les croyants », comme dans les centres culturels d’Istanbul normalisés par Erdogan.

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