jeudi 28 novembre 2013

Retour sur la MJC Roguet de Toulouse

J’ai publié en juin dernier cet article consacré à la gestion solférinienne de la MJC de Toulouse.

Les choses n’ayant guère évolué depuis, en tout cas pas dans le bon sens, je reviens sur ce saccage solférinien social-libéral, de la culture locale.

Les socialistes de Haute-Garonne ont décidé de faire d’un lieu de création artistique et d’éducation populaire un simple local où coexistent la promotion institutionnelle du Conseil général.

La MJC Roguet  a développé,  jusqu’à la fin de l’année 2012, un politique d’accueil de spectacles et d’expositions appuyée sur  les créateurs de la région. 10 000 personnes fréquentaient les lieux chaque année. Ses trente ateliers étaient consacrés aux activités de pratique amateur. Les artistes reçus vivent, il faut le savoir, du produit de leurs spectacles et des cours dispensés au public. Cette proximité des artistes et des publics a été une composante majeure de la politique d’éducation populaire et artistique menée pendant de nombreuses années à la satisfaction de tous : présidents successifs, administrateurs, publics, et collectivités financeuses.



C’est ce lieu original de rencontre des publics et des créateurs qui vient d’être détruit.

Le contexte « politique »

Le bâtiment appartient au Conseil Général de la Haute-Garonne.  Pierre Izard, son très influent et incontournable président, a encouragé son développement en dotant la MJC d’une salle de spectacle, d’une salle d’exposition et de locaux d’accueil et d’animation modernes.

La Présidence de la MJC est assurée depuis plus de 10 ans par Martine Martinel, professeur à l’IUFM, conseillère générale et députée. La MJC est pour elle un ancrage local évident. Ce qui est son droit. Constamment, le Conseil général a soutenu l’action de la MJC, considérée comme MJC départementale, implantée sur le territoire de la Ville de Toulouse.


L’arrivée de Pierre Cohen à la Mairie de Toulouse a changé la donne. La vieille rivalité Ville/Conseil Général s’est réactivée et tend à devenir une rivalité Izard/Cohen. Martine Martinel s’est montrée souvent et publiquement aux cotés de Pierre Cohen. L’actuelle « réforme » de la MJC en forme de punition prend là son origine ! Devant ce démantèlement qui ne
peut que lui être préjudiciable, Martine Martinel a démissionné au printemps 2012 du Conseil général, fait plutôt rare dans cette institution. Dans la foulée, elle a été cooptée dans l’équipe de Pierre Cohen pour prendre en charge (sic !) une délégation pour l’Université Populaire à la Mairie de Toulouse. Enfin, au sein de la MJC elle a passé la main. Son ancien suppléant Julien Klotz, devenu conseiller général à sa suite, a pris la Présidence de la MJC. Pour le moment Martine Martinel est bien retombée sur ses pieds, et a fait avaler la pilule à ses administrés lors de la dernière assemblée générale.

Les faits : le démantèlement

Par lettre recommandée avec accusé de réception du 24 juillet 2012, le Président du Conseil Général a dénoncé la convention d’occupation des locaux : « afin de disposer de plus de disponibilité dans l’utilisation de ses (sic) locaux ».

Dans les mois qui suivirent, on a appris que la nouvelle convention confiait la salle de spectacles à l’ADDA31 (bras culturel du département) et la salle d’exposition au Comité départemental du tourisme (sic !). La MJC perdit ainsi brutalement les deux outils d’aide à la création et à la diffusion artistique qui faisaient sa force et son originalité. Les subventions afférentes furent également supprimées autoritairement du budget de la MJC. La MJC est donc réduite aux seule activités de pratiques amateures et aux animations « jeunesse ». Et encore : dans la nouvelle distribution des locaux,  la salle multimédias, essentiellement consacrée aux jeunes, ait été reprise par par le Conseil Général.

Les conséquences : L’austérité budgétaire !

 Au prétexte de la reprise de la gestion et de la programmation de la salle de spectacle et de la salle d’exposition, le Conseil Général réduit son aide de 50% et la MJC en invitant à une gestion plus rigoureuse ! L’argument d’une indispensable austérité budgétaire ne tient pas. Le personnel qui en subit les conséquences sait ce que signifie ce nouvel impératif de gestionnite solférinienne. Dans le même temps, une programmation, avec achat systématique des spectacles, est mise en place par l’ADDA31, avec accès libre et gratuit du public ! Quel en sera le coût ? Sans doute bien supérieur à ce qu’il était auparavant. Un bel exemple de gaspillage des deniers publics !

Licenciement, incertitudes et inquiétudes

La diminution de moitié de l’aide du CG31 a débouché sur une politique de réduction des personnels :

  • L’agent d’accueil pour les soirées a été licencié, alors que, dans le même temps le Conseil général mettait en poste un personnel d’accueil de jour dans le hall de la MJC. L’utilité de ce poste jusque là ne s’était jamais faite sentir.

- La secrétaire de la MJC a reçu des propositions inacceptables de reclassement, puis a été l’objet d’une procédure de licenciement Un conflit est en cours.

  • Que vont devenir dans les mois à venir, et les personnels permanents et les intervenants animateurs des ateliers de pratique amateur (une trentaine de personnes) ?

Ainsi l’avenir même de la structure est sérieusement compromis. Comme est compromise l’action de la MJC qui touchait chaque année environ 1200 familles dans une véritable action d’éducation populaire à la culture et à la vie sociale.

Question subsidiaire : quid des deux fédérations, la régionale et la départementale, des MJC qui n’ont rien dit de ce démantèlement, alors qu’elles étaient toutes deux concernées au premier chef ?


Les conséquences : la disparition du sigle « MJC Roguet » de l’espace public

Toutes  les mentions matérielles indiquant l’existence de la MJC Roguet ont été supprimées unilatéralement. L’enseigne en façade, le fléchage urbain municipal à tous les carrefours menant à la MJC Roguet ont été remplacées par la nouvelle appellation d’« Espace Roguet ». Quand on sait que les centres d’animation des quartiers  de la ville de Toulouse sont tous nommés « Espaces », on voit bien la poursuite de la « guéguerre » ville-département ! Comme le faisait observer un bon auteur, l’expression « Espace quelque chose » n’est pas politiquement neutre.

L’aide en communication (programmes, affiches) qu’apportait le Conseil Général a été supprimée. La MJC Roguet n’a plus les moyens de communiquer, même sur le peu d’actions que lui laisse cette décision brutale. La MJC a été effacée du paysage culturel toulousain !

PS : Puisqu'on est dans les mesures solfériniennes. La région Midi-Pyrénées et le Conseil général de Haute-Garonne ont décidé de ne plus participer au financement de l'hébergement de la FSU. C'est la ville qui assume désormais seule.

Retour sur la MJC Roguet de Toulouse


http://bernard-gensane.over-blog.com

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