mardi 4 février 2014

Vers une agriculture complètement dérégulée



C’est ce à quoi visent les accords de libre échange entre l’Union européenne et les États-Unis. Une agriculture financiarisée mettant en péril le revenu des agriculteurs et la santé des consommateurs. Une agriculture à base d’OGM, de poulets au chlore, une agriculture où le dernier brin d’herbe sera breveté.

Depuis juillet 2013, l’Europe et les États-Unis mènent de très importantes négociations dans l’opacité la plus totale, hors du contrôle des pouvoirs publics des pays européens. Cela s’appelle l’accord de Partenariat Transatlantique sur le Commerce et l'Investissement (PTCI). Si les représentants des peuples ne sont pas consultés, en revanche les groupes de pressions qui défendent les intérêts de l’industrie agroalimentaire le sont.

Ce partenariat vise à démanteler les droits de douane entre les États Unis et l'Union Européenne et à restreindre la protection des consommateurs et de l’environnement, celle-ci étant qualifiée d’« obstacle non tarifaire ». L’accord de partenariat mettra également sur pied un tribunal privé qui statuera sur les plaintes déposées par les entreprises à l’encontre des États qui auront, par la prise de mesures de précaution, diminué les bénéfices de ces entreprises. Les représentants des peuples ne seront jamais concernés par ces enjeux considérables.


Alors que la grande majorité des Européens sont contre les OGM, le partenariat UE-EU leur permettra de débouler dans nos champs et dans nos assiettes. Les législations, bien timides, anti OGM déjà existantes seront, elles aussi, qualifiées d’obstacles non tarifaires. Aux États-Unis, les agriculteurs anti OGM sont poursuivis par des polices du conglomérat Monsanto.


Les agriculteurs européens perdront la possibilité de choisir leurs semences. Voir, par exemple, ici ou ici. Au niveau mondial, moins de 10 multinationales contrôlent déjà 70% du marché. En Europe, certaines règles limitent l’emprise des brevets, des Droits de Propriété Industrielle, comme celles qui interdisent de breveter des variétés végétales ou des races d’animaux. Le partenariat considèrera ces règles comme des obstacles non tarifaires, d’autant que l’Office Européen des Brevets (sis à Munich, haut lieu du libéralisme) lui fait déjà les yeux doux. Les décisions de cet Office ne peuvent pas être contestées par des tribunaux nationaux. On peut s’attendre, une fois l’accord de partenariat signé, à une multiplication de brevets sur les plantes et les animaux.

PS : petit souvenir personnel. Le premier programme retransmis en mondiovision (Our World) eut lieu le 25 juin 1967. Les Beatles y chantèrent “ All You Need Is Love ”. Nous eûmes également droit à un reportage dans une exploitation agricole étasunienne de quelques milliers d'hectares, le commentateur français expliquant que le brave fermier, au volant d'un tracteur gros comme une maison, “ luttait contre la faim dans le monde ”. Je pensai qu'il luttait plutôt pour son compte en banque. C'était il y a près de 50 ans et, déjà, on nous abreuvait d'inepties sur l'agroalimentaire.
Vers une agriculture complètement dérégulée

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire