mardi 24 mai 2016

Iel : qui dit mieux ?



On progresse dans le viol politiquement correct de la langue française.

A l’occasion d’une manifestation Nuit Debout à Toulouse, un ami a vu sur une pancarte le pronom que nous attendions tous, qui nous manquait tant, de qui nous nous languissions : « iel ». Pour celles et ceux qui ne savent pas trop de quel genre ils sont (on ne dit plus « sexe » aujourd’hui, on dit « genre », comme les Zuniens, ça fait plus propre).

« Iel » me pose un problème qui n’est pas subalterne : dans ces trois lettres, « il » domine « elle ». Pourquoi pas « eil », avec le « il » enchâssé dans le « elle » ?

Un révolutionnaire authentique ne saurait être petit bras. On attend des suggestions hardies pour « celui-ci/celle-ci », « celui-là/celle-là », « ceux-ci/celles-ci », « ceux-là/celles-là ». Et aussi pour « quel/quelle », « lui ». On espère également un changement selon la logique de la langue anglaise pour les possessifs : « ma crayon », si le possesseur est une femme.

Je sais que c’est leur problème, mais les anglophones auront du mal à faire aussi bien que nous. Déjà qu’ils ont inventé le « ms » (prononcé « mz »), pour, théoriquement, ne plus avoir à dire « miss » ou « mrs », en fait pour que les femmes qui ne sont pas en couple alors qu’elles ont largement fêté sainte Catherine revendiquent haut et fort leur stigmatisation. Que faire avec « he » et « she » ? D’autant qu’existe le neutre « it » qui, pour les humains, s’applique aux enfants en bas âge. Nos amis allemands auront également du mal à nous égaler avec « er », « sie », eux aussi usant fréquemment du neutre « es ».




Pour ce qui est des Espagnols, n’en parlons même pas. Depuis le temps qu’ils nous bassinent avec « lo », « la », « le », « él », « ella », « ello », tout en se permettant de ne pas utiliser de pronom, comme ça, pour nous embêter : « vive sola », « vive solo », « tiene ocho años », on leur laisse le choix de violer leur langue « según su buen placer ».

Quant aux Italiens, avec leurs « egli », « esso », « ella », « essa », « lei », « è » et le pronom zéro (« fa », « è bene »), ils nous font bien rigoler !

Alors, « iel pleut » ?

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