mercredi 1 juin 2016

L’université britannique : une entreprise privée comme une autre








On ne s’étonnera pas que dans le pays du capitalisme financier échevelé l’université soit, depuis fort longtemps, régie comme l’entreprise privée d’aujourd’hui. Des mouvements de grève ont eu lieu récemment outre-Manche, plus que justifiés. Plusieurs raisons à cela.

Depuis 2009, le salaire des universitaires a chuté de 15% en livres constantes (le gouvernement propose 1,1% d’augmentation). Les hommes gagnent globalement 12% de plus que les femmes, ce qui est très facile à mettre en œuvre ou à pérenniser dans un système sans fonctionnaires et où les salaires se négocient (sont en fait impoosés) à la El Khomri. Dans le même temps, les présidents d’université (« vice-Chancellors ») perçoivent des rémunérations exorbitantes, en augmentation constante.



Les contrats précaires se multiplient, y compris selon les bases du “ zéro-heure ” (des doctorants sont rétribués à l’heure de cours sans couverture sociale automatique). Dans certaines universités, ces contractuels comptent pour plus de la moitié des effectifs. La précarisation (“ casualisation ”, de “ casual ” : temporaire, de passage) touche davantage les femmes que les hommes, les gens de couleur que les Blancs. Il est de plus en plus risqué pour une enseignante de partir en congé de maternité ou d’être malade. Ou encore de souscrire un prêt immobilier.

Dans le monde de l’“ économie de la connaissance ” où tout s’achète et tout se vend, les droits d’inscription sont parmi les plus élevés au monde (de mon temps, ils étaient quasiment gratuits – ils le sont toujours en Ecosse – et c’est le travailliste Blair qui les a introduits en 1998).

L’université britannique est donc devenu un marché avec des étudiants clients et des enseignants prestataires, écrasés de travail, sans aucune gratification. La France avec cinq ans d'avance, quoi !

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