jeudi 27 octobre 2016

Georges Brassens : J’ai rendez-vous avec vous.


 Intégrales des chansons paroles et musiques. Création et conception musicales Yves Uzureau. Préface de François Morel. Paris : Robert Laffont 2016.

Jean-Paul Liégeois continue son formidable travail sur la vie et l’œuvre de Georges Brassens. J’ai rendu compte des ouvrages qu’il a impulsés de près ou de loin iciici et ici.

Cet ouvrage m’a ramené une petite soixantaine d’années en arrière, quand j’apprenais laborieusement le piano. J’essayais de reproduire quelques chansons de Brassens (il composait beaucoup au piano, ce que je ne savais pas) et je me rendais évidemment compte à quel point l’homme était un authentique musicien, mais surtout un musicien difficile et très inventif. Je me cassais le nez – et les doigts – sur la “Ballade des dames du temps jadis ” ou “La chasse aux papillons ”. Et puis des copains guitaristes, qui affirmaient dans un premier temps que « Brassens c’est toujours la même chose »,  jouaient, mal, jusqu’au sang, “Au bois de mon cœur” ou “Les sabots d’Hélène ”.



En plus d’un don exceptionnel pour les mélodies et les harmonies, Brassens possédait un sens du rythme au dixième de seconde près. Comme son contrebassiste Pierre Nicolas, évidemment. Ce n’est pas tout à fait un hasard si les plus grands joueurs de jazz ont repris “La cane de Jeanne” ou “Les copains d’abord”. Et il fallait être un musicien doué d’une sensibilité hors pair pour servir, avec l’autorité qui fut la sienne, d’autres poètes pour nous livrer ses versions de “La marine”, “Il n’y a pas d’amour heureux”, “Gastibelza”, “La prière”, “Marquise” (avec un PS – qu'il reprend de Tristan Bernard – à se damner), “Les passantes”. Et je ne parlerai pas de cette force de la nature capable de rester deux heures durant sur une jambe tétanisée, en écoutant crisser ses calculs rénaux.

Outre tous les textes de chansons de Brassens, ce livre de 1 200 pages comprend une longue et originale méthode pour jouer Brassens (cette « bête de scène minimaliste » comme l’écrit justement François Morel), non pas sans peine, mais avec empathie. Et les tablatures de toutes ses chansons, grâce au travail d’Yves Yzureau.

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