dimanche 4 décembre 2016

“C à vous” ne reçoit pas tout le monde à la même enseigne


J’avoue regarder assez régulièrement cette émission. J’aime l’esprit joyeux qui y souffle et son (très) relatif pluralisme. Rien à voir avec “C dans l’air” qui propose, avec nos impôts, des plateaux composés aux quatre-cinquièmes d'observateurs de droite, de gens proches de la finance (tous plus “spécialistes” les uns que les autres, bien entendu).

Comme dans pratiquement toutes les autres émissions de ce style, on y pratique le mélange des genres (ce qui est la ruine de la civilisation occidentale mais ceci est un autre débat). Lapix, Lemoine, Lescure, Switek et bien sûr Cohen, sont, dans le civil, journalistes. Même le très spirituel Matthieu Noël vient de cette profession après des études à Sciences-Po. Seulement, dans leur loft, le divertissement l’emporte souvent sur l’information. Plus exactement la manière de faire passer l’information, le tainment écrasant l’info. Ce qui permet, entre autres choses, aux animateurs, d’avoir leurs têtes. Dans le domaine du spectacle, passe encore. Dans le domaine de la politique, c’est plus gênant.


Lapix a les yeux de Chimène lorsqu’elle reçoit des parangons du système politique dominant, du style Fabius ou Fillon. Sur le plateau, il n’y a pas de droite et de gauche mais des gens du même monde qui devisent de manière policée. Tout autre est l’accueil fait à ceux qui se situent dans le système, mais à ses marges, ceux que le discours dominant appelle « populistes », « extrémistes » (pour ne pas appeler un chat un chat, comme disait Sartre). Quand elle était une vraie journaliste, Anne-Sophie Lapix préparait ses entretiens avec grand sérieux, ce qui lui permettait d’affronter, en professionnelle, les politiques les plus coriaces. On se souvient de son entretien de 2012 avec Marine le Pen où elle démontra que cette dernière n’y entendant pas grand-chose en économie. Son art de poser les bonnes questions et de relancer sans relâche avait déstabilisé la future présidente du FN.

Mais dans “C à vous”, les journalistes sont devenus bateleurs. En particulier avec les « populistes » avec qui ils se permettent de « dialoguer ». Et là, bien sûr, ils gagnent à tous les coups car, comme ont dit outre-Manche, ils ont le pouvoir sans la responsabilité. Ils coupent la parole, contredisent, assènent des approximations ou des contre-vérités. Ils ont le beau rôle puisqu’ils domestiquent des « extrémistes », les vilains petits canards de leur propre basse-cour.

Tout récemment, Florian Philippot a été ainsi victimisé par Lapix et Cohen. Cela tombait bien car le n° 2 du FN adore cet exercice où il brille à peu de frais grâce à des talents de dialecticien rodés chez Chevènement au début du XXIe siècle. Cela le change des entretiens de confort à BFM-TV où il a son rond de serviette.

Je suis persuadé que ce harcèlement est contre-productif car il rend les gens du FN et leurs idées presque sympathiques. J’ose espérer que ce n’est pas le but recherché…
“C à vous” ne reçoit pas tout le monde à la même enseigne

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