mercredi 18 janvier 2017

L’union Européenne : une machine pour appauvrir les peuples


Pas tous les peuples, et pas tout le monde de la même manière. Mais, globalement, le résultat est là.


Les plus pauvres

En 2007, sur 14 pays européens, 9 d’entre eux avaient un premier décile plus élevé que celui constaté en France. Même le Royaume-Uni faisait mieux (indice 106, France = 100), tandis que les Pays-Bas étaient ceux qui traitaient le mieux leurs pauvres (+25 % par rapport à la France). Seuls faisaient plus mal, dans l’ordre décroissant, l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Portugal. Huit ans après, Sarkozy et Hollande sont passés par là, il n’y a plus que cinq pays à faire (un peu) mieux que la France : Danemark et Autriche (106, donc + 6 %), suivis de la Suède (103), puis des Pays-Bas et de la Finlande (102). Le Portugal, où le sort des pauvres n’était guère enviable, a dégringolé un peu plus bas encore (passant de 50 à 41), mais la chute est encore plus impressionnante en Irlande (on passe de 109 à 81), en Espagne (de 68 à 49) et en Grèce (de 60 à 32). Bref, partout, ou presque, les pauvres sont les victimes les plus touchées par la crise. Seuls deux pays font exception : la France et la Finlande.









Les médians

La médiane, c’est-à-dire le niveau tel que moitié de la population dispose d’un niveau supérieur à ce montant et moitié d’un niveau de vie inférieur. En France, cette médiane correspondait à un niveau de vie (mesuré en standard de pouvoir d’achat) de 1 660 euros mensuels en 2015, comme en Belgique, mais un peu moins qu’en Allemagne et au Danemark (1 700 euros, toujours en standard de pouvoir d’achat), seules la Suède (1 770 euros) et l’Autriche (1 815 euros) étant mieux loties. Les Français ne sont pas si mal placés que cela en termes de niveaux de vie médian. Dans le reste de l’Europe, les « médians » ont partout vu leur niveau de vie se dégrader par rapport à celui des Français, la seule exception étant la Suède (où ce niveau de vie médian est passé de 105 à 107, soit + 7 % par rapport au niveau de vie médian en France, alors que la Suède ne le dépassait que de 5 % en 2007). La dégradation (par rapport à la situation française) est de 33 points au Royaume-Uni (qui passe de 122 à 89), de 34 points en Irlande (de 117 à 83), de 32 points en Grèce (de 76 à 44), de 19 points en Italie (de 96 à 77) et aux Pays-Bas (de 116 à 97), etc. Bref, c’est moins la France qui progresse que les autres pays qui régressent, et parfois dans des proportions très élevées.





Les “riches”

On entendra ici par « riches » les personnes dont le niveau de vie est situé entre le huitième décile (2 430 euros mensuels en 2015, en SPA) et le neuvième (3 070 euros). En 2007, la France n’arrivait qu’en huitième position : nos « riches » étaient largement dépassés par les riches britanniques (+ 36 %), irlandais (+ 29 %), allemands (+ 18 %), autrichiens (+ 15 %), néerlandais (+ 14 %), et même italiens (+ 4 %) ou belges (+ 3 %).

Mais, huit ans après, le paysage des riches a bien changé par rapport à la France. Celle-ci dispose des riches les mieux lotis d’Europe, juste derrière l’Autriche (+ 2 %) et l’Allemagne (+ 3 %). Tous les autres riches ont subi la “crise” (la gestion de Bruxelles au service du capitalisme financier) bien plus douloureusement qu’en France : - 40 points au Royaume-Uni, - 39 points en Irlande et en Grèce, - 24 points en Italie, - 22 points aux Pays-Bas, - 15 points en Allemagne… 












Les vraiment bien lotis

Les vraiment bien lotis sont ceux du 1 % supérieur, les 630 000 personnes dont le niveau de vie (en 2015) est compris entre 5 400 euros et 6 800 euros par mois. Cocorico : c’est en France que ces riches de riches sont le plus riche. Ils battent tout le monde : les Britanniques (au plus 6 270 euros, alors qu’en 2007, ils dépassaient nos très riches de… 54 %) ; les Allemands (au plus 6 040 euros, alors qu’en 2007 ils dépassaient nos riches de 33 %). Et on ne parle même pas de ceux qui établissent leur domicile fiscal hors de France.

En France, les très pauvres et les très riches ont supporté la crise mieux qu’ailleurs. Preuve que notre système de protection sociale fonctionne plutôt mieux que dans les autres pays, et notre système fiscal plutôt moins bien. Mais ce que l’on entend dans la médiacratie, ce sont les dénonciations de l’assistanat – les pauvres coûtent trop cher, ce sont des tricheurs ou des fainéants – et les plaintes des nantis – on écrase de charges et d’impôts ceux qui « créent de la richesse ».

Bref, au lieu de se réjouir de la cohésion sociale en France, plutôt préservée de la crise jusqu’à présent, il n’est question, dans le discours dominant, que de réduire les impôts, les services publics et les prestations sociales, qui ont permis au pays d’échapper au pire. 

Source : Alternatives économiques

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