lundi 16 juillet 2018

Ceux qui nous gouvernent au nom de la finance et de l’entreprise




Certes, le pouvoir, c’est le pouvoir d’une classe sur les autres classes. Mais le pouvoir n’est pas désincarné. Sous les lambris et les ors, sous les feux de la rampe, il y a des hommes et des femmes. Ceux qui façonnent nos destinées ont beaucoup de points en commun. Avec l’aide de Wikipédia, j’ai mené une brève enquête.

Avant d’être Premier ministre, Edouard Philippe, maire Les Républicains du Havre, faisait du lobbying en faveur des centrales à charbon. En 2014, il avait voté contre le projet de loi pour la transition énergétique. On cherche encore le Hulot capable de trouver à cette excellence un embryon de conscience écologique.

Sur l’éventail politique, Bruno Le Maire est l’un des hommes les plus à droite de notre classe dirigeante. Issu d’une famille très catholique, il s’est prononcé contre le mariage pour tous avant de s’abstenir à l’Assemblée. D’accord, il descend des empereurs d’Autriche et des rois de Pologne et de France. Est-ce pour cela qu’il fut l’inventeur du Contrat première embauche alors qu’il dirigeait le cabinet de Dominique de Villepin ? Candidat à la primaire de la droite, il battit tous les records dans la surenchère contre la Fonction publique, proposant la suppression de 500 000 fonctionnaires.

Sarkozyste, Gérald Darmanin revient de loin : il est le fils d’un modeste tenancier de bar français et d’une femme de ménage arabe. Dans le Nord, il est proche de Gérard Vaneste, homme politique homophobe d’extrême droite. Darmanin affirme qu’en tant que maire il ne célèbrera pas de mariage homosexuel. En 2008, il collabore à Politique Magazine, organe d’extrême droite inspiré par la pensée de Charles Maurras, lié à l’Action française et à Restauration nationale. Il rétablit l’accès automobile au centre ville, expliquant que la voiture « n’est pas en soi polluante ».

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a été longtemps très proche des grands laboratoires. Son directeur de cabinet est ancien directeur général adjoint de l’assureur Humanis, troisième groupe français privé dans la protection sociale.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud fut DRH chez Dassault et Danone. Son directeur de cabinet, Antoine Foucher, est l’ancien directeur général adjoint du Medef responsable du secteur social. Le Mondequi l’admire, nous dit qu’il a l’oreille de la CFDT (tu m’étonnes !).

Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dirigea L’Essec, fleuron des écoles de commerce privées et avait mis en œuvre de massives suppressions de postes exigées par Sarkozy dans l’Education nationale.

Ismaël Emelien, conseiller spécial de Macron, est un DSKiste, produit d’Euro RSCG. Bien aliéné yankee dans sa tête, ce communicant est l’auteur du slogan « Make Our Planet Great Again ».

Le financier, Emmanuel Miguel  capital-risque dans le fonds Ardian, et trésorier durant la campagne présidentielle, a rejoint l’Elysée en tant que conseiller économique, responsable de l’attractivité (sic ?). Avec deux ou trois autres du même acabit, il fait partie de la garde financière de Macron. Il n’y a pas si longtemps, ce type de personnages quittait la haute Fonction publique pour les affaires. Avec Macron, l’itinéraire s’est inversé. Ce n’est pas bon pour le peuple.

Audrey Bourolleau est la conseillère « agriculture » de Macron. Elle a travaillé chez Heineken et chez Philippe de Rothschild. Elle fut nommée Femme de l’année par la revue Vin de France en 2014. Elle a appris à négocier en vendant dans les savanes du Nigéria, les steppes d’Iran et jusque dans les ports du Pakistan des briquets, stylos et même des conteneurs de rasoirs pour le groupe Bic. “ Mes clients pakistanais n’avaient pas le droit de me regarder ”, se souvient-elle en riant. Trop drôle, Audrey !

Conseiller Europe et G20 de Macron, l’énarque Clément Beaune fut membre de la direction de l’Aéroport de Paris. Qui c’est-y qui va s’occuper de la privatisation de ce bel aéroport ?

Secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler fut directeur financier de la compagnie Mediterranean Shipping Company, numéro 2 mondial du fret maritime. D'après Le Monde« le président de la République, son secrétaire général et son conseiller spécial Ismaël Emelien concentrent tous les pouvoirs. À trois, ils dirigent la France ».

Comme Macron, ces hommes et ces femmes veulent faire de la France une « start-up nation ». Ce qui veut dire, à court terme, imposer au service public toutes les méthodes du privé et, à moyen terme, détruire le service public. L’attaque frontale en cours au ministère des Finances, avec ses suppressions de postes massives, ses nombreuses missions transférées au secteur privé, en est une des preuves les plus flagrantes. Sans parler de la soumission du service public aux besoins immédiats des entreprises. C’est ce à quoi va servir la « réforme » du bac (réalisée) et de l’université (déjà sortie des cartons).





Ceux qui nous gouvernent au nom de la finance et de l’entreprise

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