mercredi 6 novembre 2013

Le Thatchérisme : une réponse au déclin du Royaume-Uni ? (13)

Paradoxalement, Thatcher a encouragé sous son règne le renforcement de l’État, bousculant les contradictions et les failles de son dogme politico-économique. Pour faire baisser l’inflation autoritairement et pour que la livre soit forte, elle a dû pratiquer, en contradiction avec les manuels de Monsieur Friedrich von Hayek, une politique de taux d’intérêts très élevés (14%). Ce qui, nous l’avons vu, a freiné l’investissement et produit du chômage.

Margaret Thatcher avait souhaité un désengagement massif de l’État, comme quand elle avait proposé de remplacer les bourses d’étudiants par des prêts, ce qui avait suscité un tollé au sein des classes moyennes, donc dans l’électorat conservateur. Mais en 1985, les dépenses budgétaires furent une nouvelle fois en progression (+6,4%). L’inflation finit par être modérée mais la hausse des salaires continua (7,5% en 1985), alors que le socialiste Mitterrand parvenait pour sa part à) faire passer les hausses salariales sous l’inflation. D’une manière générale, les entorses au monétarisme furent nombreuses. Pendant plus de deux ans, Thatcher ne réussit pas à contrôler la progression de la masse monétaire. L’État prêta de l’argent aux charbonnages, aux aciéries, à British Leyland,  à l’entreprise nationale de matériel informatique International Computers. Mais Thatcher dénationalisa la très prospère British Telecoms en faisant sciemment perdre de l’argent à l’État (la valeur des actions ayant doublé en trois heures. De même, en 1987, elle privatisa British Airways, troisième compagnie européenne, née de la fusion de les compagnies nationales British Overseas Airways Corporation (par laquelle les Beatles rentraient d’URSS dans “ I’m Back in the USSR ”) et de British European AirwaysBritish Airways ne devint rentable que parce que 23 000 employés avaient été licenciés, que 62 lignes avaient été supprimées et que des dizaines d’avions avaient été vendus. L’État, donc les citoyens, avait donc effectué le sale travail au profit des actionnaires privés.


Mais Thatcher n’empêcha (bien au contraire) pas le Japon de faire de la Grande-Bretagne, en lui consacrant la moitié de ses investissements industriels européens, son cheval de Troie dans le vieux continent. C’est ainsi que Honda vendit en France de fausses Triumph japonaises (sous la marque Acclaim » en dehors des contingents d’importation japonaises dans ce pays.

PS : Sur la photo, les plus anciens auront reconnu les jambes de Marlene Dietrich (sans Photoshop).

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