dimanche 26 janvier 2014

On y est : l’université française est une entreprise !


Cette fois, c’est officiel : ce que l’on savait depuis Sarkozy/Pécresse vient d’être confirmé, de manière catégorique cette fois-ci, par leurs clones solfériniens Hollande/Fioraso.

Les établissements d’enseignement supérieur sont en effet incités à devenir des « centres de coûts et profits ». En attendant, j’imagine, les écoles maternelles. Il s’agit de « changer la culture des universités ». Deux exemples de cette nouvelle jungle. Une université publique du Centre-Ouest ferme un département qui fonctionnait très bien. Sa voisine, catholique, ouvre aussi sec le même département. Dans une même université de l’Est du pays, le président, pardon le PDG,  encourage une filière X à donner les mêmes cours qu’une filière Y. Que le meilleur, le plus sagouin, gagne !

L’idée de base est que les universités sont désormais « autonomes ». naturellement, c’est faux, si l’on compare à la situation des pays où elles le sont vraiment. Dans l’optique solférinenne de marché, l’autonomie signifie que les établissements devront, chaque jour davantage, rechercher des sources de financement. Avec, à terme, la perspective étasunienne, d’un retrait quasi total de la puissance publique. Et comme corollaire, dans un premier temps, un statut de fonctionnaires territoriaux pour les personnels, puis dans un second temps (à échelle d’une génération, ou deux, à la rigueur), d’un statut privé.


Donc pour Fioraso, les dirigeants des université doivent acquérir la « culture » (décidément, j’ai de plus en plus envie de sortir mon revolver) du budget en sachant « formater une offre et faire payer les factures ». Par exemple, ne pas considérer que, « lorsqu’on lorsqu'on fait une prestation pour l'hôpital ou le CNRS, elle doit être gratuite parce qu'on fait partie du service public ! » Et tant pis pour les malades.

Grâce à cette mentalité entrepreneuriale, Fioraso espère voir le chiffre d’affaires (hé oui, bande de sorbonnards attardés, le « chiffre d’affaires » !) des universités en matière de formation passer de 640 millions d'euros par an actuellement à 1,5 milliard, voire 1,8 milliard en cinq ans. Ce que cette Solférinienne appelle « réenchanter les universités et les ouvrir sur le monde extérieur », en n’oubliant pas que le terme « réenchanter » a été remis à la mode en 2005 par l’ancienne patronne des patrons. Vice-Président de la Conférence des présidents d’universités, Gérard Blanchard emboîte le pas du ministre solférinien : la formation aux entreprises, démarche de type « social », cela va sans dire, « peut être une ressource, car elle est financée par les régions ».

Toujours dans le cadre de la politique de l’offre, les universités (« autonomes », n’est-ce pas ?) devront, tout affaire cessante, « simplifier » leurs masters, c’est-à-dire en réduire autoritairement le nombre, pour passer de 5.000 à – « excusez du peu », pour reprendre l’expression d’un gestionnaire solférinien de l’université de Tours – 246. Des regroupements, eux aussi autoritaires, dans le cadre de « communautés d’universités » permettront des économies importantes.

Naturellement, les droits d’inscription ne resteront pas parmi les plus bas d’Europe. Équité, équité, nivellement par le haut cette fois-ci : pour Fioraso, les universités sont « libres » de songer à les relever. Certains étudiants étrangers ont déjà fait l’objet de cette mesure tellement moderne.

En attendant le jour, pas si éloigné que cela, où les universités d'entreprise (L'Oréal, Veolia, NRJ, Orange, JCDecaux) auront définitivement le pas sur l'enseignement supérieur public.


On y est : l’université française est une entreprise !

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