vendredi 17 avril 2015

Pédophilie et esprit de corps

Régulièrement, nous sommes mis en présence de cas de pédophilie dans l’enseignement. Pas que chez les curés (souvenons-nous des Amitiés particulières de Roger Peyrefitte, écrit en 1943), mais aussi – et de plus en plus fréquemment – dans l’enseignement public.

Circonstances aggravante : on est souvent en présence de récidives. Sans parler d’un cas tout récent qui a vu la femme d’un pédophile dénoncer son mari à ses supérieures hiérarchiques. Il lui fut certainement très difficile d’entamer cette démarche, et insupportable de constater qu’elle n’était suivie d’aucun résultat concret.

On se perd en conjectures. Moi le premier.

Je voudrais relater un souvenir, vieux d’une cinquantaine d’années, sans rapport avec la pédophilie. À l’époque, mon père était inspecteur dans l’Éducation nationale. Une des institutrices de sa circonscription était psychologiquement très mal en point. Fortement bipolaire, comme on dit aujourd’hui, un peu alcoolique, elle maltraitait les enfants lorsqu’elle parvenait à faire classe. Son mari l’avait quittée, ce qui contribuait à son mal-être.

À l’époque, on remplaçait sans réel problème un enseignant titulaire défaillant. Mon père avait rédigé plusieurs rapports pour demander une mise en congé prolongée de cette enseignante après le lui avoir suggéré oralement et après avoir essuyé un refus de sa part. Les rapports avaient suivi la voie hiérarchique, ce qui impliquait un avis déterminant d’une psychologue de l’Éducation nationale. À chaque fois, celle-ci s’opposa à la demande de mon père, arguant qu’il fallait laisser l’institutrice dans sa classe « pour son bien », pour qu’elle puisse continuer à être « sociabilisée ». L’intérêt des enfants était complètement évacué au profit d’une étrange solidarité entre deux « psy », une malade et une soignante.

Après trois ans, mon père abandonna le combat. La logique de l’institution était trop forte.

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